Le parc de l’Agneau
Roman de la rose
Paris, 3e quart du XVe s..
BNF, Manuscrits, français 24392, f. 163
© Bibliothèque nationale de France
Dans sa Vision contre le Roman de la rose, Gerson reproche à Jean de Meun d’avoir mêlé « choses saintes et divines et espirituelles » à « paroles très dissolues et esmouvans à toute ordure ». Il se réfère sans doute à ces vers (v. 20641-20658) :
« Pensez de Nature honorer,
Servez la par bien laborer,
Et se de l’autrui riens avez,
Rendez le, se vous le savez […]
D’occision nus ne s’approuche
Netes aiez et mains et bouche,
Soiez loial, soiez piteus :
Lors iroiz ou champ deliteus
Par trace l’aignelet sivant,
En pardurableté vivant,
Boivre de la bele fontaine
Qui tant douce et claire et saine
Que jamais mort ne recevroiz
Si tost com de l’eaue bevroiz. »
(Songez à honorer Nature, servez-la en travaillant à ses fins ; et si jamais vous avez un bien qui appartient à autrui, rendez-le, si vous le savez… Que tous s’écartent du meurtre ; ayez les mains et la bouche propres, soyez loyaux, soyez miséricordieux : dans ces conditions vous irez au champ des délices en suivant à la trace l’agnelet qui a la vie éternelle, pour boire l’eau de la belle fontaine, qui est si douce, claire et limpide que plus jamais vous ne souffrierez la mort, dès que vous aurez goûté de son eau.)
À l’inverse, le présent manuscrit présente une version tout à fait chrétienne du parc de l’Agneau, comme en témoigne la rubrique : « Ci parle Genius du blanc aignel, par lequel il entent nostre Sauveur ; lequel aignel maine les brebis au parc du beau Vergier, c’est-à-dire qu’il mest en paradis ceulz qui l’aiment, et ceulz qui se desvoient de l’amour de nostre Sauveur, l’Ennemi les prent. »
 
 

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