Le Roman de la Rose
Fol. 2 : Figure allégorique de la Haine
Guillaume de Lorris et jean Meun, 1230-1280.
Parchemin. - 200 ff. - 350 x 250 x 35 mm
BNF, Manuscrits (Fr. 12595 fol. 002)
© Bibliothèque nationale de France
L'allégorie
Sur le mur d'enceinte du jardin du Plaisir, l'Amant découvre dix figures allégoriques qui en sont les gardiennes : Haine, Félonie, Vilenie, Convoitise, Avarice, Envie, Tristesse, Papelardise (l'hypocrisie), Pauvreté et Vieillesse. Représentation d'une notion abstraite, l'allégorie est très fréquente dans la littérature et l'art médiévaux. Ici, le procédé prend une valeur essentielle en s'incarnant dans des personnages mystérieux rencontrés par l'Amant, tels Bel-Accueil, Danger, Doux-Regard ou Faux-Semblant. Ce sont autant de personnifications des sentiments, des âges de la vie, des qualités et des défauts, des passions et des faiblesses qui nous caractérisent.


Quand je fus à quelque distance,
J'aperçus un verger immense
Tout clos d'un haut mur crénelé,
Par dehors peint et ciselé
De maintes riches écritures.
Les images et les peintures
Je pus à mon aise admirer ;
Or, je vais peindre et vous narrer
De ces images la semblance
Telle qu'en ai la souvenance.
Haine [ Enluminure ]
Au milieu la Haine se dressait.
Tout d'abord en elle on sentait
Grande source de jalousie,
De courroux et de frénésie.
Elle me parut de poison
Pleine et de noire trahison.
Cette image mal atournée
A les traits d'une forcenée,
Un laid visage tout froncé,
Le nez petit et retroussé,
Puis, enfin, elle s'entortille
D'une hideuse souquenille.
Qui plus hideuse encor la rend.
 
 

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