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Gauvain vole au secours de la demoiselle à la ceinture d’or

Cycle du Lancelot-Graal
III. Roman de Lancelot
Gauvain vole au secours de la demoiselle à la ceinture d’or
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Les rebondissements des aventures entraînent les chevaliers dans de perpétuelles errances. Les chemins se croisent et les destins se nouent. Dans les campagnes désertes ou au cœur des forêts profondes, les rencontres n’ont jamais rien d’ordinaire ou de fortuit. Elles sont toujours pour le chevalier une occasion de mettre en pratique les enseignements reçus de leurs aînés au cours de la préparation à l’adoubement ; ils doivent ainsi faire preuve de discernement, de prudence, de vaillance et de générosité. Venir en aide à leur suzerain, à leurs pairs et secourir les demoiselles en détresse comptent parmi leurs premiers devoirs dans l’idéal chevaleresque.

Dans le passage évoqué ici, Gauvain, qui est en quête du Pont perdu, appelé aussi Pont sous l’eau, croise une demoiselle désemparée parce qu’un chevalier vient de lui voler la ceinture d’or et l’aumônière que son ami lui avait données. Elle craint qu’il s’aperçoive de cette disparition et que, sous l’effet de la jalousie, il la soupçonne d’en avoir fait cadeau à un amant. Elle requiert donc l’aide de Gauvain, en échange de quoi elle lui indiquera la voie qui conduit au Pont perdu. Le peintre illustre le moment de la rencontre où Gauvain se retourne pour écouter la jeune femme, au visage fin et grave, qui l’interpelle. Il n’a pas encore accepté sa proposition, et c’est pourquoi il n’a pas encore fait faire demi-tour à son cheval. En arrière-plan, entre les frondaisons, apparaît le sommet du pavillon du chevalier recéleur que Gauvain devra vaincre pour rendre justice à la demoiselle.

Même si, dans les romans arthuriens, la défense et le secours des demoiselles en détresse sont parmi les premières règles de conduite chevaleresque, les jeunes femmes restent néanmoins des victimes privilégiées de la violence et de la cruauté masculines. Selon les aléas des aventures chevaleresques, elles sont fréquemment enlevées à leur ami ou abusées. Selon la coutume de Logres, aucun chevalier ne devrait s’en prendre à une jeune fille seule, mais si une demoiselle est accompagnée par un chevalier, elle peut être conquise au combat. Partageant les déboires de leur compagnon, elles sont souvent obligées d’appeler à l’aide d’autres parties. Or, parfois, les chevaliers qui les accompagnent se montrent eux aussi injustes et soupçonneux, prêts accuser et à brutaliser leur amie au moindre faux pas. Ainsi la demoiselle qui met Gauvain sur la voie du Pont sous l’eau a été victime d’un vol mais ne peut se fier à son ami pour obtenir justice, et craint au contraire sa jalousie et sa colère.

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Vers 1475
  • Lieu
    Centre de la France (Ahun)
  • Auteur(es)
    Manuscrit en quatre volumes réalisés pour Jacques d’Armagnac, duc de Nemours, atelier d’Evrard d’Espinques
  • Provenance

    BnF, Manuscrits, Français 115 fol. 361vo

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm118200338w