Place du Carrousel : Vue prise de l’entrée du Musée, 1849

Martial Potémont (Paris), 1863

Eau-forte, 12,2 x 21,7 cm (d’après l'original appartenant à la Ville)
BnF, département des Estampes et de la Photographie, PET FOL-VE-59 (A,2)
© Bibliothèque nationale de France
« Exilé sur le sol au milieu des huées » : telle est la condition du poète, semblable à l’albatros que vilipendent les hommes d’équipage. La création, chez Baudelaire, est inscrite dans cette fatalité malheureuse de l’exil, qu’il éprouve dans le sentiment d’une solitude et d’une séparation sans remède. Il l’exprime dans l’image obsédante de la chute aussi bien que par les figures récurrentes de l’errance : les bohémiens, saltimbanques ou chiffonniers sont, dans leur vagabondage, autant d’allégories du poète hanté par le souvenir d’un séjour perdu qu’il est condamné à chercher toujours sans jamais l’atteindre. C’est aussi ce qui donne au voyage baudelairien sa valeur particulière, qui réside tout entière dans l’impulsion du départ et non dans le projet d’arriver. Exil, errance, partance sont ainsi les inflexions diverses que prend l’expérience de la mélancolie comme sentiment d’un monde inhabitable.
 
Ce quartier qui se trouve à l’intérieur du Louvre, place du Carrousel, sera rasé en 1850.