Le Stryge

Charles Meryon, 1853

Planche des Eaux-fortes sur Paris
Eau-forte, 4e état, 17,2 × 13,2 cm, impression par Auguste Delâtre (Paris)
Inscription gravée sous l’ovale : « Insatiable vampire, l’éternelle Luxure / Sur la Grande Cité convoite sa pâture » suivie des initiales « CM »
BnF, département des Estampes et de la Photographie, RÉSERVE EF-397 (1)-BOITE ECU
© Bibliothèque nationale de France
Le Stryge, que Meryon avait d’abord intitulé La Vigie, est une chimère née de l’imagination de Viollet-le-Duc lors de la restauration de Notre-Dame de Paris. Au-delà de la cathédrale, le graveur met à l’honneur la Tour Saint-Jacques, sauvée in extremis de la destruction à l’époque où il préparait sa planche. Son insertion dans le panorama, alors qu’elle n’est pas visible depuis la balustrade de la stryge, lui confère le statut de monument-témoin du Paris médiéval menacé par les mutations urbaines dirigées par le baron Haussmann.
 
Au lendemain de la parution de son Salon de 1859, où il célébrait la puissance poétique avec laquelle Meryon savait représenter « la solennité naturelle d’une ville immense », Baudelaire fut sollicité par Auguste Delâtre, l’imprimeur des Eaux-fortes sur Paris, pour accompagner de textes une réédition de cet album. Baudelaire, dont le projet des poèmes en prose commençait à se développer, reçut cette invitation comme « une occasion d’écrire des rêveries de dix lignes, de vingt ou trente lignes, sur de belles gravures, les rêveries philosophiques d’un flâneur parisien » (lettre du 16 février 1860 à Poulet-Malassis). Le projet fut toutefois abandonné devant les exigences de Meryon, qui ne voulait qu’un texte d’information historique sur les édifices représentés.