Autoportrait de Charles Baudelaire

Paris, vers 1860

Dessin (plume, encre brune, lavis brun, crayon rouge), 16,6 × 10,1 cm
Musée d’Orsay (dépôt au musée du Louvre, département des Arts graphiques), RF 41643, recto
Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Franck Raux
Baudelaire s’est livré avec constance à l’exercice de l’autoportrait. En témoignent non seulement les dessins qu’il a laissés de lui-même, mais aussi ses nombreux portraits photographiques, réalisés par de grands maîtres comme Nadar ou Carjat mais à la construction desquels il a pris une part active, en dandy qui se doit de « vivre et dormir devant un miroir » (Mon cœur mis à nu). « Tu t’es peint, ô Dürer ! dans ta Mélancolie », écrivait Théophile Gautier (Melancholia). C’est que rien n’est plus proprement mélancolique que l’autoportrait, où le moi se dédouble en sujet et objet, auteur et personnage. Dans l’effort de se saisir dans une entière présence à soi, il éprouve toute la difficulté de se rassembler et fixer dans une identité stable, toujours menacée par la tension qui est celle « de la vaporisation et de la centralisation du Moi » (Mon cœur mis à nu).
 
Ce dessin reproduit en sens inverse le visage de Baudelaire tel qu’il apparaît dans le portrait photographique « aux gravures » réalisé par Carjat vers octobre 1863.