Paris-Bruxelles
L'avènement de la ligne claire




Alain Saint-Ogan crée Zig et Puce en 1925, imposant à la bande dessinée française l’usage de la bulle, pratiqué de longue date par les caricaturistes anglais et les cartoonistes américains. Tintin suit de près, en 1929. Le Belge Hergé codifie le langage de la bande dessinée et met au point une écriture graphique fondée sur le cerne, l’épure et la lisibilité : " On essaie d’éliminer tout ce qui est graphiquement accessoire, de styliser le plus possible, de choisir la ligne la plus éclairante. " Les couleurs sont disposées en aplats. Cette technique recevra le nom de " ligne claire " dans les années 1970 : l’expression est inventée par le Néerlandais Joost Swarte, le plus intéressant des héritiers modernes d’Hergé. Dans toute l’Europe, des jeunes dessinateurs, à mi-chemin de la nostalgie rétro et du détournement postmoderne, s’approprieront un style qui avait déjà fait école dans les pages de l’hebdomadaire Tintin au cours des années 1950.
  


L'apogée franco-belge


 

 

 

 

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les hebdomadaires rivaux Tintin (publié à Bruxelles) et Spirou (publié à Marcinelle, dans la banlieue de Charleroi) atteignent une qualité exceptionnelle et dominent le marché européen de la bande dessinée enfantine. Lorsque Pilote est lancé à son tour, en 1959, il fait d’abord appel à des dessinateurs belges tels que Hubinon, Tillieux ou Mitacq. Quant à Albert Uderzo, qui y crée Astérix le Gaulois avec René Goscinny, il a fait son apprentissage dans la presse belge depuis 1951 ; avec Jijé et Franquin, il incarne l’école franco-belge à son apogée. Des passerelles naturelles existent entre ces trois artistes influents d’une période que l’on peut qualifier de classique, puisque Jijé cédera Spirou et Fantasio à Franquin mais héritera de Tanguy et Laverdure, créés graphiquement par Uderzo.