Vue prise du pont des Saints-Pères

Par Charles Marville. Édité par Blanquart-Evrard à Lille, vers 1852. Tirage sur papier salé d'après négatif papier (24,3 x 35 cm)
BNF, Estampes et Photographie, Eo-7 (2)-Fol.

Berlioz a beaucoup fréquenté l'Institut. De son vivant, cette institution, fondée par Richelieu, héberge cinq académies, dont l'Académie des beaux-arts, qui décerne le prix de Rome et comprend une section musicale dotée de six fauteuils. Berlioz pénètre sans doute la première fois dans l'Institut, quai Conti, pour la mise en loge de sa première cantate du prix de Rome, La Mort d'Orphée, en 1827. Il concourra jusqu'en 1830, année où il obtient le premier grand prix de composition musicale. Le déroulement des concours de l'Institut, en particulier le choix des textes sur lesquels doit être écrite la cantate, est longuement raconté, sur le mode parodique, dans les Mémoires (XXII) : "Les candidats, munis du lumineux poème, étaient alors enfermés isolément avec un piano, dans une chambre appelée loge, jusqu'à ce qu'ils aient terminé leur partition. Le matin à onze heures et le soir à six, le concierge, dépositaire des clefs de chaque loge, venait ouvrir aux détenus, qui se réunissaient pour prendre ensemble leur repas ; mais défense à eux de sortir du palais de l'Institut." Berlioz, malgré ses moqueries contre l'Institut, brigua à plusieurs reprises un fauteuil de la section de musique : après quatre tentatives, il fut élu, de justesse, le 21 juin 1856, au fauteuil d'Adolphe Adam et devint à son tour juge pour les concours du prix de Rome. Habitant à la fin de sa vie dans le quartier de la Nouvelle Athènes, sur l'autre rive de la Seine, Berlioz aimait la promenade qui lui faisait traverser le pont des Arts pour se rendre à l'Institut.