Des Piferari devant une madone

Par Antoinette Cécile Haudebourg-Lescot, 1822. Lithographie (46 x 36 cm)
BNF, Estampes et Photographie, SNR-3 Haudebourg-Lescot

"J'ai remarqué seulement à Rome une musique instrumentale populaire que je penche fort à regarder comme un reste de l'antiquité : je veux parler des pifferari. On appelle ainsi des musiciens ambulants, qui, aux approches de Noël, descendent des montagnes par groupes de quatre ou cinq, et viennent, armés de musettes et de pifferi (espèce de hautbois), donner de pieux concerts devant les images de la madone. Ils sont, pour l'ordinaire, couverts d'amples manteaux de drap brun, portent le chapeau pointu dont se coiffent les brigands, et tout leur extérieur est empreint d'une certaine sauvagerie mystique pleine d'originalité. [...] La musette, secondée d'un grand piffero soufflant la basse, fait entendre une harmonie de deux ou trois notes, sur laquelle un piffero de moyenne longueur exécute la mélodie ; puis au-dessus de tout cela, deux petits pifferi très courts, joués par des enfants de douze à quinze ans, tremblotent trilles et cadences, et inondent la rustique chanson d'une pluie de bizarres ornements. Après de gais et réjouissants refrains, fort longtemps répétés, une prière lente, grave, d'une onction toute patriarcale, vient dignement terminer la naïve symphonie." (Mémoires, XXXIX.)
Berlioz a rencontré aussi ces musiciens dans les Abruzzes. C'est l'une des impressions musicales fortes qu'il introduit dans le troisième mouvement d'Harold en Italie.