Portrait de Gaspare Spontini (1774-1851)

Par Henri Grévedon (1776-1860). Lithographie, 1830. (37,5 x 29,5 cm)
BNF, Estampes et Photographie, Dc 99e-Fol.

La carrière de Spontini se déroule entre Paris, où il se fixe en 1803, et Berlin, où il devient en 1820 directeur général de la musique de Frédéric-Guillaume III de Prusse.
Dès sa jeunesse, Berlioz professe une grande admiration pour Spontini, notamment pour les grands effets de chœur de La Vestale (1807), dont l'esprit et la noblesse d'inspiration s'inscrivent dans la lignée de Gluck. À sa demande, il le rencontre en septembre 1830. Spontini assiste à la création de la Symphonie fantastique et offre à Berlioz la partition dédicacée d'Olympie. Lors de la reprise de La Vestale à l'Opéra en mai 1834, Berlioz constate la froideur du public pour une œuvre qui, comme le Don Juan de Mozart, est dépourvue "de ces diamants qui éblouissent les yeux de la multitude". En 1838, il publie dans la Revue et gazette musicale une courte biographie d'un ton assez mitigé, alors que deux ans plus tard Fernand Cortez suscite son enthousiasme : "C'est beau, c'est vrai, c'est neuf, c'est sublime." (SO, p. 219.) Berlioz dirige régulièrement des extraits d'œuvres de Spontini, par exemple l'ouverture de La Vestale au Festival du Cirque-Olympique le 1er août 1844 (Mémoires, LIII) ou le Finale du deuxième acte du même opéra à Exeter Hall le 28 avril 1852, en présence de la veuve du compositeur.
Les seize articles ou fragments d'articles que Berlioz consacre à Spontini forment la substance de la treizième soirée des Soirées de l'orchestre. S'y exprime l'admiration lucide de Berlioz : "Il fut, avant tout et surtout, un compositeur dramatique dont l'inspiration grandissait avec l'importance des situations, avec la violence des passions qu'il avait à peindre." (SO, p. 224.) Spontini, avec une certaine duplicité, s'opposa à son élection à l'Institut.