Apothéose de Marguerite

Par Ernest Klausz. Dessins de décors de La Damnation de Faust pour une reprise à l'Opéra de Paris (palais Garnier) le 22 mars 1933. Gouache (29,8 x 45,7 cm)
BNF, bibliothèque-musée de l'Opéra, Esq. O [1933 (Damnation de Faust)

Jacques Rouché, directeur de l'Opéra de Paris, est à l'affût d'innovations scéniques. Réfléchissant depuis quelques années sur une possibilité de monter La Damnation de Faust, l'auteur de L'Art théâtral moderne fait appel à un peintre hongrois ayant travaillé sur les scènes de Berlin, Ernest Klausz, pour traduire visuellement l'œuvre sans trahir le poème musical. Rouché prend soin d'indiquer que cette légende dramatique est donnée dans la version exacte de Berlioz. Pour Rouché, la nouveauté vient, grâce à cette réalisation décorative, de l'irruption du cinéma au palais Garnier. La fantasmagorie rejoignant l'illusion théâtrale, les projections restituent, dans des scènes comme La Course à l'abîme, la part de rêve nécessaire. Les planches gouachées de Klausz en sont l'ébauche et offrent parfois une vision proche de l'expressionnisme allemand. Cependant, cette mise en image reçut un succès mitigé. Klausz, apôtre de "l'Art en mouvement", estimait que cette réaction provenait du choix de la demi-mesure. Rouché a conservé, contrairement à l'emploi exclusif des projections dans les théâtres allemands, l'ancien dispositif théâtral : un cadre, drapé de rideaux noirs, et deux niveaux, comme on les retrouve dans les mises en espace d'Appia, sur lesquels évoluent les personnages de cette légende dramatique.