Dans cet univers des marges,
où transparaît souvent une forme de culture populaire,
les animaux sont très présents. Les singes-évêques
et autres lapins-chevaliers ont sans doute une fonction satirique.
De même, on doit souvent interpréter dans un
sens symbolique les scènes de chasse ou de travaux
des champs, les poursuites entre animaux, les oiseaux, les
singes, les chiens et les lapins : le cerf peut ainsi
faire écho à la figure du Christ, les animaux
à fourrure comme l’écureuil ou le lapin
(conil en ancien français) dans son terrier
représentent les organes sexuels féminins.


La marge des manuscrits peut aussi mettre en scène
un "monde à l’envers" où des
lapins poursuivent des chiens. Les animaux peuvent enfin jouer
une mascarade des passions humaines : guerres, combats,
séduction…

Faut-il voir dans ce monde animal des marges l’expression
d’une contestation subversive de la société
médiévale ? Sans doute pas, car les manuscrits
étaient destinés à des nobles, des évêques,
de riches bourgeois. Ils expriment plutôt la grande
liberté et le goût de la parodie des élites
du Moyen Âge.

Les livres d’heures du XVe
siècle transforment les marges en véritables
cadres placés en avant de la miniature, qui se peuplent
de spécimens de la nature : ours, singes, lions, mais
aussi papillons, mouches et abeilles en trompe-l’œil…
La satire s’efface alors derrière l’illusion.
Puis, avec l’imprimerie, l’animal disparaît
des marges du livre.

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