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La licorne de Sumatra

Le Devisement du monde ou Livre des Merveilles
La licorne de Sumatra
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Cette enluminure d’un manuscrit du Devisement du monde (ou Livre des Merveilles), nous donne à voir une belle licorne blanche évoluant gracieusement au milieu d’animaux exotiques réels, elle est conforme aux représentations médiévales, mais pas à la description qu’en fait Marco Polo – celle d’un rhinocéros !

« Les habitants de Sumatra ont éléphants et unicornes aussi, qui ne sont pas plus grandes qu’un éléphant. Et elles ont le poil comme celui du buffle, et les pieds comme ceux des éléphants, et une corne au milieu du front, blanche et très grosse. Et elles ne font aucun mal avec leur corne, mais avec leur langue, car elles ont la langue chargée de grandes et longues épines. Et elles ont une tête semblable à celle du sanglier, et la portent toujours inclinée vers la terre. Elles demeurent habituellement près des lacs et des marais. C’est une bête très laide à voir, et elle ne se prend pas au sein d’une pucelle comme nous le disons, bien au contraire. »

Cette miniature prend place avant la description du royaume d'Ely, à savoir le Mont Delly, situé l’extrême pointe sud de l’Inde. Cette région, qui n'est pas très riche ni très habitée, impressionne Marco Polo pour sa nature sauvage, même s’il manque de mots pour la décrire.

Il parle du royaume d'Ely
« Ely est situé à trois cents milles à l'ouest de Courmary. Les habitants de ce royaume sont idolâtres. Ils sont gouvernés par un roi et ne paient d'impôt à personne. Ils ont une langue qui leur est propre. Il n'y a pas de port dans la province, mais de grands fleuves aux embouchures larges et profondes. Il pousse là abondance de poivre, de gingembre et d'autres épices. Leur roi est puissant par ses richesses, mais le pays n'est pas très peuplé. Le royaume est naturellement si bien protégé que nul ne peut y entrer pour l'attaquer, et que le roi ne craint personne.
S'il arrive que par hasard un grand bateau, qui ne leur est pas destiné, s'ancre dans leur embouchure, ils s'emparent de sa cargaison, disant : « Vous vouliez aller ailleurs, mais les dieux vous ont conduit jusqu'à nous ! C'est que vous êtes pour nous ! » Ils ne voient nul mal à ça. Si au contraire, le bateau vient pour eux, ils l'accueillent à grand honneur et en assurent la protection. Cette méchante coutume se retrouve dans l'Inde tout entière ; les habitants de ce pays s'emparent des cargaisons de tout navire que le mauvais temps a détourné de sa route. Les bateaux du Mangi et d'ailleurs y sont chargés en cinq ou six jours. Ils s'en retournent le plus rapidement possible, car il n'y a pas de port, mais seulement des plages et du sable où l'on s'enfonce. Mais les bateaux du Mangi sont dotés de grandes ancres de bois qui résistent bien aux accidents qui peuvent survenir sur les plages de sable. Il y a dans ce pays quantité de lions et d'autres bêtes féroces extraordinaires et venimeuses. Ils ont gibier et oiseaux en abondance. Il n'y a rien d'autre à en mentionner. Nous parlerons du royaume de Melibar. »

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    15e siècle, vers 1410-1412
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Marco Polo (1254-1324), auteur ; Maître de la Mazarine enlumineur
  • Description technique
    Manuscrit sur parchemin, 299 feuillets, 42 x 29,8 cm
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, Français 2810, fol. 85r

  • Lien permanent
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