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Les loups

Livre de chasse de Gaston Phébus
Les loups
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Du loup et de sa nature

« Le loup est assez commune bête, aussi n’y a-t-il pas lieu de le décrire, car il y a peu de gens qui n’en aient vu.
Ils vont en leur amour aux louves en février et ils agissent comme leschiens ; et ils sont en leur grande chaleur onze ou douze jours. [...] Ils peuvent engendrer au bout d’un an et alors ils se séparent de leur mère et de leur père, et parfois même avant qu’ils n’aient un an, pourvu qu’ils aient les dents refaites et changées, à la place des autres petites dents qu’ils ont d’abord [...].

Ils ont une grande force, spécialement par devant, et une morsure mauvaise et forte, car parfois un loup tuera bien une vache ou une jument [...]. Il vit de toutes chairs, de toutes vermines et de toutes charognes, et sa vie n’est paslongue ; car il ne vit pas plus de treize ou quatorzeans ; il a mauvaise morsure et venimeuse, à cause des crapauds et autres vermines qu’il mange. [...]

Quand on le chasse à force aux chiens courants, il ne fuit guère loin d’eux, si mâtins ou lévriers ne l’éloignent. Il fuit par le couvert comme un sanglier ou un ours et suit volontiers les chemins. Il va communément quérir sa vie la nuit, parfois le jour, quand il a grand faim, et il y en a qui chassent les cerfs, sangliers et chevreuils et sentent autant que desmâtins ; et ils prennent des chiens tant qu’ils peuvent. Il y en a qui mangent les enfants et parfois les hommes, et après qu’ils se sont acharnés aux hommes, ils ne mangent nulle autre chair, mais se laisseront plutôt mourir : on les appelle loups-garous, car on doit s’en garder. [...]
Les loups deviennent parfois enragés, et, quand ils mordent un homme, c’est difficilement qu’il en peut guérir, car leur morsure est très venimeuse, comme j’ai dit, à cause des crapauds qu’ils mangent et d’autre part pour la maladie de la rage. [...]

On le prend soit à force aux chiens ou aux lévriers, soit aux lacs et auxcordes ; mais s’il est pris en un lacs ou en autres cordes, quelles qu’elles soient, il les coupe merveilleusement vite avec ses dents, si on n’arrive assez tôt pour le tuer. On les prend aux fosses, aux aiguilles, haussepieds et poudres venimeuses qu’on leur donne dans de la chair, et de beaucoup d’autres manières. [...] On ne peut nourrir un loup, même si on l’a petit ou jeune, et qu’on le châtie, batte et tienne en discipline, sans qu’il commette de méfaits, s’il en a loisir et le peutfaire ; et jamais, si apprivoisé qu’il soit, il ne manquera de regarder de côté et d’autre, quand on le sortira, pour voir s’il peut en nul lieu méfaire, ou parce qu’il craint qu’on lui fasse mal, sachant bien en lui-même qu’il fait mal. [...] »

  • Date
    15e siècle
  • Lieu
    France, Paris
  • Auteur(es)
    Gaston Phébus, auteur
  • Description technique
    Peinture et or sur parchemin
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, Français 616, fol. 31v.

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm2102006498