Abraham Bosse | ||||
Les Métiers, v. 1632-1633 : Le Cordonnier | ||||
Eau-forte. 205 x 302 image seule ; 252 x 328 au filet extérieur Il existe deux états de cette estampe, dont un sans la lettre. | ||||
Tours, MBA, 1894-6-10 | ||||
Cette série comprend sept pièces. Le caractère extrêmement vivant et l'aspect très savoureux de ces estampes ont fait leur immense popularité. Certaines ont été copiées au XVIIe siècle, parfois à plusieurs reprises. Un cordonnier, accompagné de son aide, vient au domicile d'une dame afin de lui faire essayer des chaussures. La scène se déroule dans la chambre à coucher, qui est véritablement la pièce à vivre de la maison. Le cordonnier, après avoir déposé son manteau et son chapeau sur une chaise, passe un soulier au pied de la jeune femme. Tout dans leurs gestes et leur attitude joue de manière évidente sur une certaine ambiguïté et laisse imaginer quelque scène de galanterie. Le tableau accroché sur la tapisserie derrière eux, représentant un jeune couple, ne faisant qu'accentuer cette équivoque. Les chaussures de cette dame sont caractéristiques de la mode des années 1630, une des nouveautés étant l'apport du talon qui donnait aux élégantes une taille plus élancée. Ce talon est protégé par un patin, que l'on mettait lorsque l'on sortait et que l'on enlevait généralement à l'intérieur. S'ouvrant largement sur les côtés, la chaussure est maintenue au-dessus du cou-de-pied par deux longues lanières dont l'attache est masquée par une grosse fleur en tissu. Au second plan, l'assistant du cordonnier indique à la servante la mesure qui devrait convenir à son pied... Cette scène est très théâtrale, montrant une connivence évidente entre les différents protagonistes, la jeune femme nous regarde et nous fait un geste de la main, sans doute afin de nous rendre complices. | ||||
En bas, à gauche : ABosseinuen et fe, et au centre : le Blond excud Auec Priuilege. Dans un espace réservé au bas : Ayant à chausser une Belle / Jamais ie ne suis mal adroit ; / Poussez le pied, Madamoiselle : / Sus courage : il entre tout droit. // Quand ce beau Cordonnier me chausse / Tousiours il me blesse en effait ; / Et pour toute excuse il s'en gausse, / Disant que j'ay le pied bien fait // Donnez moy de la marchandise, / Qui soit iustement à mon point : / Car autrement je vous aduise / Que vous ne me seruires point. // Quoy qu'on vous chausse avecque peine, / Ayant le coû du pied si haut ; / J'ay pourtant une bonne alesne, / Et la mesure qu'il vous faut. Dans une bordure de rosaces enrubannées, feuille de chêne aux angles. | ||||