Abraham Bosse
Les Métiers, v. 1632-1633 : Le Savetier

Eau-forte. 215 x 308 image seule ; 261 x 336 au filet extérieur
BNF Est., Ed 30, rés.

Cette série comprend sept pièces. Le caractère extrêmement vivant et l'aspect très savoureux de ces estampes ont fait leur immense popularité. Certaines ont été copiées au XVIIe siècle, parfois à plusieurs reprises.
Comme cela est visible dans Les Graveurs en taille-douce, l'atelier du Savetier sert également de boutique. Les nombreux modèles de chaussures accrochés à la poutre du plafond offrent un aperçu de la mode dans ce domaine dans les années 1630, une des nouveautés étant sans conteste l'apparition des bottes, enfin admises dans les salons et non reléguées à des fins militaires. Elles présentent de longs revers qui pouvaient être relevés lorsque l'on montait à cheval ; l'une des paires est protégée par des patins de bois ou galoches.
Le maître savetier et son épouse côte à côte derrière leur comptoir distribuent et contrôlent le travail de leurs trois ouvriers. Accroché au mur derrière le couple, on voit le compas, ou mesure, qui permet de repérer la longueur du pied des clients ; cet instrument figure également dans l'estampe du Cordonnier. La femme fabrique du fil sur un petit appareil, tandis que le maître tient dans sa main droite un couteau à pied pour tailler les pièces de cuir, et tend, de l'autre main, une forme à l'un de ses apprentis. Les ouvriers portent un tablier de cuir et, les mains protégées par des maniques, ils cousent à l'aide d'une alène tout en maintenant leur ouvrage grâce à une longue lanière, le tire-pied. Des os de cerf, qui servent à polir le cuir, sont déposés dans une corbeille au sol. Sur l'établi sont posées une petite presse et des pièces de peau ainsi qu'une bouteille de vin qui, si l'on en croit le texte accompagnant l'estampe, semble intéresser particulièrement les trois jeunes garçons.

En bas à droite : A Paris, Chez Melchior Tauernier, Graueur et Imprimeur du Roy pour les Tailles-douces demeurant en l'Isle du Palais, sur le Quay qui regarde la Megisserie, a l'Asphere. Auec Priuilege du Roy. Dans un espace réservé au bas, 12 vers sur 3 colonnes : Jcy par vn diuers ouurage / Le Maistre et la Maistresse aussi, / Tournent leur principal soucy / Au commun bien de leur mesnage. // L'vn de l'autre point ne s'esloigne, / Jls veillent tous deux sur leurs gens, / Affin qu'ils soient plus diligens / A faire viste leurs besoigne // Eux cependant font des merueilles, / Demendant le vin des garçons, / Et s'entretiennent de chansons, / Parmi les pots et les bouteilles.
Dans une bordure de palmettes et de rinceaux.