Abraham Bosse
Louis XIII en Hercule, v. 1635

Eau-forte. 261 x 331 au coup de planche ; avec le placard, 567 x 395 (feuille)
BNF Est., coll. Hennin, 2516, épr. du 2e état sur 4 (avec l'adresse de Leblond, avant l'adresse de Langlois, puis celle de Pierre II Mariette)

L'eau-forte montre le roi Louis XIII vêtu en général romain mais avec une cuirasse semée de fleurs de lis. Son crâne et son dos sont recouverts de la peau du lion de Némée et il porte négligemment sur l'épaule la massue d'Hercule. Le roi est debout sur un trophée de drapeaux et de boucliers ornés des armoiries de Savoie, de Castille, d'Espagne, de l'Empire, de Lorraine et même des Gonzague de Mantoue (où la croix pattée est remplacée par une croix de Jérusalem). À côté de lui, un coq, emblème de la France, terrifie un lion qui symbolise l'Espagne ; malgré l'air souriant que l'artiste a donné au lion, c'est ainsi qu'il convient, selon une vieille légende rappelée par le douzième sizain du poème, d'interpréter le rapport entre les deux animaux. La scène est encadrée par un laurier, à gauche, et par un palmier, à droite, arbres tous deux symboles de victoire. Au lointain se déroule une bataille, où l'on voit des cavaliers français tailler des croupières aux Espagnols. Dans le ciel, deux divinités apparaissent, chacune sur son char : à gauche, Hercule, sa massue sur l'épaule, dans une attitude proche de celle du roi ; à droite, Henri IV, également revêtu d'une peau de lion et une massue à la main.
Le placard accompagnant l'eau-forte permet de dater celle-ci précisément de 1635, après le 19 mai, lorsque Louis XIII eut déclaré guerre ouverte aux Espagnols dans leurs Pays-Bas, en se servant du prétexte que ceux-ci avaient fait prisonnier, le 28 mars, l'Électeur de Trèves, alors que ce dernier s'était depuis avril 1632 mis, avec ses États, sous la protection du roi de France. Dès le 20 mai, au hasard d'une rencontre, le maréchal de Châtillon, entré aux Pays-Bas espagnols, battit à Avein (Avin-en-Hesbaye, dans la province de Liège, à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de cette ville) une partie de l'armée espagnole, que commandait le prince Thomas de Savoie. C'est sans doute à ce combat qu'il est fait allusion au fond de l'estampe. L'image est donc toute de propagande occasionnelle, et d'autant plus utile aux yeux de Richelieu que cette bataille d'Avein fut avant longtemps le seul succès français contre les Espagnols.
Il a déjà été noté la relation entre cette image et la composition de Vignon peinte pour Richelieu intitulée Hercules Admirandus ou le Triomphe d'Hercule. Les historiens de l'art s'accordent à penser que cet Hercule-là est Richelieu et non le roi. Si la date du tableau est bien 1634, Vignon aura été, une fois encore, l'inspirateur d'Abraham Bosse. Mais le glissement du ministre au monarque sous la figure d'Hercule mérite d'être remarqué.

En bas à gauche : ABosse jn et seculp [sic], et à droite : I. Blondus excud cum / Priuilegio Regis. Entre ces deux inscr., à g., un texte en grec sur 5 lignes, et à droite la version latine : Pulchrum eminere est inter illustres viros, / Consulere patriæ, parcere afflictis, fera / Cæde abstinere, tempus atque iræ dare, / Orbi quietem, seculo pacem suo. / Hæc summa virtus, petitur ac colum via. En haut, au centre de la bordure : P. P. P. / FOEDERATORVM / VINDICI.
Dans une bordure de feuilles de laurier interrompue de roses.
L'eau-forte est imprimée sur un placard comprenant une ode typographiée de 30 sizains sur 4 col., signés : F. HVTET D. M. D, B., sur lequel nous ne savons rien, intitulé : SVR LA GVERRE DECLAREE EN FLANDRE CONTRE L'ESPAGNOL PAR VN HERAVT / d'Armes de LOVIS LE IVSTE, Tres-Chrestien et tres-victorieux Roy de France & de Nauarre ; Et sur l'entrée desdits Païs, / forcée par son Armée sous la conduitte de ses Generaux, les Sieurs de Chastillon & de Brezé, Mareschaux de France.