Abraham Bosse
Les Quatre Âges de l'homme, 1636 : L'Enfance

Eau-forte reprise au burin. 207 x 292 image seule ; 257 x 321 au filet ext.
Tours, MBA, 1953-10-3

Dans cette série des Quatre Âges de l'homme, seule cette première estampe est datée. Bosse a choisi d'illustrer le thème de l'enfance à travers cette représentation d'un groupe d'enfants jouant sur la loggia d'une riche maison, ouverte sur le jardin par des balustrades. Les différents âges de l'enfance sont ici évoqués, dans l'insouciance et le plaisir des jeux, depuis les premiers mois de la vie, avec le bébé dans son berceau, jusqu'à la préadolescence, qui annonce en quelque sorte l'estampe suivante de ce cycle. Une petite fille fait l'apprentissage délicat des premiers pas à l'aide d'un "tintebin", elle est entourée d'enfants plus âgés qui jouent au tambour, à la poupée, au moulinet et aux billes. Les deux tableaux disposés sur les baies ajourées à l'arrière-plan symbolisent le début de la vie, à travers la représentation de la Genèse, l'ouvre à gauche illustre la Création du monde et celle de droite celle d'Adam, cette iconographie étant en relation directe avec le sujet de la gravure.
Ce thème iconographique particulièrement fréquent au XVIIe siècle est traité par Abraham Bosse par des scènes quotidiennes présentant des activités précises liées à chaque âge de la vie. Comme le souligne fort justement Philippe Ariès "les âges de la vie ne correspondent pas seulement à des étapes biologiques, mais à des fonctions sociales", et c'est bien ce que Bosse veut montrer à travers ces quatre estampes. On est loin des images très populaires illustrant les Degrés des âges et où sont simplement représentés, juxtaposés, les âges de la naissance jusqu'à la mort, la fin de la vie étant le plus souvent symbolisée par une danse macabre. L'homme est alors réduit dans ces illustrations à un rôle uniquement et tristement biologique.
Abraham Bosse reprendra cette série de manière assez proche pour un éventail et traitera une fois encore ce sujet pour un écran.

Dans l'espace réservé au bas de l'estampe, au centre : Les / IIII. AAGES DE / l'Homme / faites par ABosse / Et ce Vendent Chez le Blond / Auec Priuelege du Roy. 1636., puis 16 vers sur 4 colonnes : De quelque façon que ie pense / A ce qui flatte nos desirs, / Je ne treuue point de plaisirs / Plus charmans que ceux de l'Enfence. // Ces passetemps sans artifice / Diuertissent jnnocemment ; / Et sont exempts esgallement / De passion et de malice. // Selon que l'humeur les conuie, / Les Enfans suiuent diuers ieux, / Et nous-mesme auons fait co(m)me eux / Aux premiers ans de nostre vie. // Pour moy, connoissant leur aage / Bannit le chagrin et le dueil, / Je voudrois iusques au cercueil / Pouuoir iouer leur personnage.
Dans une bordure de feuilles de laurier, feuille de chêne aux angles.