Abraham Bosse
				Les Quatre Âges de l'homme, 1636 : La Virilité
				Eau-forte. 250 x 320
				BNF Est., Ed 30, rés.
				Fréquemment, et en particulier au XVIIe siècle, l'iconographie de l'âge adulte est celle de l'homme guerroyant. Bosse préfère nous offrir, pour cet âge de la vie, l'image rassurante de la stabilité familiale, accentuée sans doute volontairement par une composition extrêmement équilibrée. L'ouvre ordonnée par de multiples lignes droites, fenêtre, chaises, lit, nappe aux plis marqués... accuse cependant une certaine raideur et nuit à cette représentation qu'on aurait sans doute espérée plus chaleureuse. Cette scène de repas partagé en famille se déroule dans la pièce principale de la maison, ce type de composition récurrente reprend ici une formule qui peut sembler bien établie, et donc assez répétitive. Dans une mise en scène parfaitement orchestrée, le côté théâtral étant accentué par le rideau relevé à l'extrémité gauche de l'estampe, Bosse présente l'image d'une famille unie autour du repas, chacun semblant jouer parfaitement bien son rôle. Le père, entouré de ses enfants et de son épouse, nous regarde, fier de sa réussite. Il est l'élément solide sur lequel repose la vie de la famille. L'épouse et, plutôt curieusement mais non sans ironie, le chien, dont on connaît la légendaire fidélité, regardent cet homme dans une même attitude figée. Ce thème iconographique particulièrement fréquent au XVIIe siècle est traité par Abraham Bosse par des scènes quotidiennes présentant des activités précises liées à chaque âge de la vie. Comme le souligne fort justement Philippe Ariès "les âges de la vie ne correspondent pas seulement à des étapes biologiques, mais à des fonctions sociales", et c'est bien ce que Bosse veut montrer à travers ces quatre estampes. On est loin des images très populaires illustrant les Degrés des âges et où sont simplement représentés, juxtaposés, les âges de la naissance jusqu'à la mort, la fin de la vie étant le plus souvent symbolisée par une danse macabre. L'homme est alors réduit dans ces illustrations à un rôle uniquement et tristement biologique. Abraham Bosse reprendra cette série de manière assez proche pour un éventail et traitera une fois encore ce sujet pour un écran.
				En bas au centre : ABosse jnu. et fe., et à droite : le Blond excud auec Priuilege. Dans la marge inférieure, 16 vers sur 4 colonnes : L'Esprit en la Virilité / Met les plus hautes entreprises / Dans vne juste esgalité, / Par les connoissances acquises. // En c'et âge là l'homme aspire / Aux principaux degrés d'honneur ; / Soit que le meritè l'attire, / Ou plustost son propre bon-heur // Alors sans creinte des dangers, / Au mestier de Mars il s'exerce, / Et dans les païs estrangers, / Il se plaist à faire commerce. // Que s'il voit que dans son mesnage / Jl gaigne des biens à foison ; / N'aymant ny guerre ny voyage, / Jl vit paisible en sa maison. Dans une bordure de rinceaux et de palmettes, feuille de chênes aux angles