Abraham Bosse
Les Quatre Âges de l'homme, 1636 : La Vieillesse

Eau-forte reprise au burin. 207 x 295 image seule ; 256 x 322 au filet ext.
Tours, MBA, 1894-6-18. Il existe un 1er état avant la lettre.

Pour cette illustration de la vieillesse, Bosse présente un couple âgé, entouré uniquement d'une servante et d'un chien, fidèle compagnon qui semble pourtant déjà s'éloigner. Les enfants, nombreux et présents sur l'estampe précédente, ne sont plus là. Frigorifié, le couple se tient auprès du feu, mais la mort n'est pas loin, comme le rappelle l'allégorie avec sa faux dans le trumeau de la cheminée.
Un pan de tapisserie à gauche de la composition couvre une partie du manteau de la cheminée. Sa présence est un nouveau témoignage de l'essor extraordinaire que connaît cet art décoratif dans la première moitié du XVIIe siècle. La bordure à décor continu et régulier de guirlandes de fleurs est caractéristique des tapisseries produites dans les années 1635-1640. Bosse s'inspirera souvent et à profusion de l'ornementation de ces bordures pour réaliser les encadrements de ses gravures.
Ce thème iconographique particulièrement fréquent au XVIIe siècle est traité par Abraham Bosse par des scènes quotidiennes présentant des activités précises liées à chaque âge de la vie. Comme le souligne fort justement Philippe Ariès "les âges de la vie ne correspondent pas seulement à des étapes biologiques, mais à des fonctions sociales", et c'est bien ce que Bosse veut montrer à travers ces quatre estampes. On est loin des images très populaires illustrant les Degrés des âges et où sont simplement représentés, juxtaposés, les âges de la naissance jusqu'à la mort, la fin de la vie étant le plus souvent symbolisée par une danse macabre. L'homme est alors réduit dans ces illustrations à un rôle uniquement et tristement biologique.
Abraham Bosse reprendra cette série de manière assez proche pour un éventail et traitera une fois encore ce sujet pour un écran.

En bas à gauche : ABosse jnu. et fecit., et à droite : le Blond excud auec Priuilege. Dans la marge inférieure, 16 vers sur 4 colonnes : A quel fâcheux poinct de tristesse / Ne voit on pas l'homme réduit ; / Lors que la tremblante Vieillesse / D'vn pas precipité le suit ? // Il souffre mille maux diuers, / Qui nont point leurs douleurs bornées ; / Et les jours luy sont des hyuers / Dans le declin de ses années. // Ses membres sont plus froids que glace, / Sa vigueur n'est qu'aupres du feu ; / Jl se retranche en cette plasse, / Et c'est la son principal jeu. // Mais lors qu'en vain il se defend / De la Mort soubs qui tout succombe ; / Cette cruelle le surprend, / Et le met du but à la Tombe.
Dans une bordure de feuilles de laurier, feuille de chêne aux angles