Abraham Bosse | ||||
Les Cinq Sens, v. 1638 : L'Odorat | ||||
Eau-forte. 228 x 297 image seule ; 255 x 323 au filet ext. | ||||
BNF Est., Ed 30, rés. | ||||
Le titre de l'ouvre est encadré par les profils d'un grotesque au nez proéminent enfoui dans une guirlande de fleurs. Tous les protagonistes de la scène semblent avoir l'odorat particulièrement en éveil dans ce jardin que l'on devine aux mille senteurs. Un couple apparaît sur le perron de la demeure et se dirige vers le jardin fleuri situé en contrebas. Le jeune homme respire un bouquet de roses, la servante au second plan se contente plus modestement du parfum d'une seule fleur, et le petit garçon en bas des marches pose son nez sur une potée d'oillets, fleurs au parfum particulièrement poivré et enivrant. Enfin, les deux chiens, animaux domestiques si souvent représentés dans l'ouvre de Bosse, semblent ici plus que jamais tout à fait à leur place ; truffe en avant, ils semblent exercer à profit ce sens si développé chez eux. Des promeneurs et des jardiniers animent le jardin qui répond aux formules établies en France au XVIIe siècle. Des charmilles ferment l'espace planté de parterres de fleurs et de "broderies" tracés rigoureusement et encadrés de petits buis taillés. Des allées larges et rectilignes délimitent les différents espaces. Cet ensemble très structuré ajoute à l'aspect théâtral de la composition ; les rideaux relevés sur les colonnes semblent en effet ouvrir sur une scène et nous offrir un spectacle. La série Les Cinq Sens compte véritablement parmi les plus célèbres gravées par Bosse. Dès le XVIIe siècle, elle fut manifestement très populaire, si l'on en croit le nombre important d'ouvres gravées ou peintes, dès le milieu du siècle, d'après ces estampes. Les Cinq Sens sont un thème iconographique courant depuis l'Antiquité, mais, si les artistes ont généralement représenté ce sujet dans des compositions allégoriques ou mythologiques, Bosse ne suit pas cette tradition. Dans des scènes de la vie quotidienne, il semble nous offrir une sorte de palette des plaisirs terrestres que l'on sait inévitablement fugitifs. Leur savoureuse représentation appelle de façon criante à se laisser aller sans remords au carpe diem. Le sujet de chacune des cinq estampes est annoncé dans un cartel anthropomorphe. | ||||
Dans un espace réservé au bas de l'estampe, à gauche 4 vers latins : Flora rosis vario fructu Pomona, suaui / Vertumnus nares pascit odore meas. / Verum cunctus odor diuino huic cedat odori, / Gloria quem castæ tollit ad astra famæ ; au-dessous : ABosse jn. et fe ; et à droite 4 vers français : Quand au matin l'Aurore arrose de ses pleurs / Tout ce que le Printemps estale dans ses pleines, / L'Odorat est charmé par les douces haleines, / Que Zephyre conçoit de l'essence des fleurs ; au-dessous : A Paris, Chez Melor Tavernier demeurant en l'Isle du Palais, à la Sphere. Au centre, dans un cartouche en mascarons et fleurs : ODORATVS. / L'ODORAT. Dans une bordure de rinceaux et de roses | ||||