Abraham Bosse
Planche 2

pour Représentations géométrales de plusieurs parties de bastiments faites par les reigles de l'architecture antique et de qui les mesures sont réduittes en piedz, poulces et lignes, afin de s'accommoder à la manière de mesurer la plus en usage parmy le commun des ouvriers, par A. Bosse, Paris, chez l'auteur, 1659, in-fol., 12 planches de figures et texte gravé
Eau-forte. 295 x 194
Tours, MBA, 1954-17-1

Après en avoir fait la requête aux académiciens, Bosse associe dès 1649 à ses leçons de perspective "ce qui concerne les cinq ordres de l'architecture antique". Il est difficile de connaître le contenu exact de cet enseignement, mais il entend probablement résoudre deux difficultés qui se posent aux peintres : la première, celle de la représentation de l'architecture en géométral, qui implique la maîtrise des éléments de géométrie ; la seconde, celle de la représentation de l'architecture en perspective (notamment son rapport proportionné aux figures humaines qu'elle contient ou entoure), qui exige de la méticulosité mais est facilitée par le principe du devis arguésien. À nouveau, ce n'est pas comme un objet d'étude en soi, mais bien comme une "dépendance" de la perspective que Bosse inclut l'architecture dans son champ de compétence, comme il le fait consigner en 1651 dans sa lettre d'agrégation à l'Académie royale de peinture et de sculpture en tant qu'académicien honoraire. Le premier recueil qu'il publie sur la question, en 1659, reprend très probablement des estampes utilisées pour ses cours à l'Académie. Il ne s'agit pas d'un traité mais d'un recueil d'estampes, et si le texte n'est pas exempt de quelques remarques sur le métier d'architecte ou le bon goût en architecture, Bosse entend avant tout, comme l'indique le titre de Représentations géométrales..., permettre la représentation perspective d'un objet dont les mesures et proportions géométrales sont aisées à connaître et qui, à cet égard, ne souffre pas l'approximation. Il donne ces mesures en pieds, dans le souci d'user d'une échelle de mesure familière aux praticiens, et dans l'idée de faciliter le travail du peintre, qui n'a ainsi qu'une seule échelle dans le tableau, pour les figures comme les architectures. Bosse rappelle en outre les proportions des ordres, le module de base étant ici, comme souvent, le diamètre de la colonne, subdivisé en parties. Mais si l'articulation entre les deux systèmes de mesure est énoncée - un diamètre de colonne vaut 1 pied ou 12 pouces -, leur lien logique demeure un peu flou.

En haut au centre en lettres gravées : Vous connoistrez q'ven cette porte d'Ordre TOSCAN, jen ay laissé une moictie seulement Ebauchée, afin / que les mesures parussent auec moins de confusion, cest pourquoy sur la ponctuée ABC, jay marqué les mesures / des hauteurs, Et celle des largeurs de chaque membre proche les droites qui trauerssent la ligne ponctüee / LQH qui passe par le millieu du pilastre ce qui ce fait En portant la moictié de la mesure / Totale de part et dautre de cette LHQ. Nottez qu'en toutes les figures la lettre p. / signifie pouce et la lettre l. ligne, par les au(tr)es chiffres sans lettre l'on entend les points. En bas au centre : Par A. Bosse en lisle du Palais vis a vis le Quay de la megisserie. Et plus loin à droite : Auce [sic] Priuilege 1659. En haut à droite : 2.