Abraham Bosse
A Messieurs de l'Académie royale de la peinture et sculpture.
Cahier suivy d'une stampe donnée par A. Bosse en suitte d'une Lettre à Messieurs de l'Académie royale de la Peinture et Sculpture, cotenans preuve des copiemens, estropiemens, et deguuisemens de la manière de perspective de Monsieur Desargues faite en plagiaire par I. Le Picheur l'un de leurs peintres, à dessein d'en tromper le public, et d'empescher les Estudians à la Pourtraiture de parvenir à la connaissance des raisons de l'Art ; ce que pour son honneur l'Académie ne doit point aprouver ny souffrir,
Paris, 1660, in-4°

BNF, Rés-Z-1354


Cet écrit de Bosse était dirigé contre Jacques Le Bicheur, peintre qui fut parmi les fondateurs de l'Académie et qui avait publié en 1660 un Traité de perspective fait par un peintre de l'Académie royale dédié à Monsieur Le Brun, premier peintre du Roy. Bosse rappelait qu'il avait été engagé par l'Académie pour y enseigner la perspective telle que l'avait conçue Desargues et accusait Le Bicheur d'avoir pillé ses idées et celles du mathématicien. Il invitait l'Académie à le soutenir en déclarant qu'il y avait plagiat, accusant presque la Compagnie d'une trop grande indulgence : "Il est vray, MESSIEURS, qu'il semble que cette indulgence les inuite à continuer le desordre, & d'en rechercher le pretexte, comme il se voit au Liure de Perspectiue affiché depuis quelque temps à la porte de nostre Académie sous le tiltre d'un de ces Peintres, & qui neanmoins n'est qu'un mauvais Copiste en cét ouurage ; Car ce qu'il y a de bon dans ce Liuret, est copié, pillé & deguisé de mon Traité, & du peu qui n'en a pas pris, il y a du faux, du vieux jeu embroüillé, mal expliqué, & bien du temps perdu". Cette querelle devait accélérer la décision de l'exclure de l'Académie.
Une planche gravée par Bosse illustrait ces propos et montrait les quinze figures que Le Bicheur avait mises dans son ouvrage et qui étaient copiées sur celles qui se trouvaient dans la Manière universelle de Mr Desargues pour pratiquer la perspective...