Pierre-Ambroise Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses
 
Manuscrit autographe, état intermédiaire corrigé, vers 1779-178.
93 f., 25,5 x 20 cm
BNF, Manuscrits, Fr. 12845, f. 40
 
Avec un roman épistolaire "scandaleux", signé de ses seules initiales, "Ch. de L.", Laclos s'inscrit bien dans la tradition du XVIIIe siècle où la fiction des lettres et mémoires retrouvés fait florès, où libertinage et anonymat vont de pair. Il en bouleverse les fondements. Sous le double jeu de la Merteuil et de Valmont, Tartuffe et Don Juan de leur siècle, derniers rejets de cette société trop policée de la fin de l'Ancien Régime, s'ourdit le piège infernal dans lequel eux-mêmes tomberont. En une construction dramatique inéluctable, la correspondance croisée crée la troublante ambiguïté du roman, apologie du libertinage ou peinture d'un sentimentalisme à la Rousseau. Les contemporains ne s'y trompèrent pas. Le succès prodigieux des Liaisons dangereuses dès sa publication en 1782 n'avait eu d'égal que celui de La Nouvelle Héloïse, vingt ans plus tôt. L'écriture tendue de Laclos semble refléter la tension du récit. Ce n'est pourtant que la copie d'un premier jet inconnu, travaillée en deux temps et sur laquelle Laclos remanie encore l'ordre des lettres, dont certaines portent des dates précises entre 1778 et 1781. En poste à cette époque à l'île d'Aix, le capitaine d'artillerie Laclos bâtissait son chef-d'œuvre.