Paul Valéry, Charmes
 
Cahier étiqueté "p. v. petits poèmes. MCMXVIII", novembre 1917 - début 1919
71 f., 31 x 20,5 cm
BNF, Manuscrits, N. a. fr. 19009, f. 24
 
Ce cahier de mise au net pour les poèmes de Charmes joua un rôle considérable dans la genèse d'un recueil qui parut ne jamais devoir aboutir à une publication. Valéry l'inaugure en novembre 1917 avec le cinquième état du Cimetière marin, qui ne s'étend alors que sur sept strophes et porte le nom de Mare nostrum. Le cahier s'emplit par à-coups, chacun correspondant à une remise en chantier du recueil. Valéry engrange et, périodiquement, songe à en finir. Il se croit parvenu à l'ultime étape lorsque, au verso du feuillet 4, il dresse un inventaire des poèmes existants, réajusté quelques mois plus tard.
Aux feuillets 24 à 26, Valéry recopie une nouvelle version du poème marin, qui s'est amplifié de trois strophes. La gestation si longue de ce poème, aux étapes multiples entrecoupées de silence, connut quelques moments clés. Cette version calligraphiée est l'un de ceux-là. Le poème est apparemment fixé, mais, quelques mois plus tard, Valéry fait éclater une structure trop étroite pour l'ampleur de l'inspiration. Huit strophes supplémentaires voient le jour, notées au verso ou dans les marges. Adieu le poli de la mise au net ! Les fruits de cette révision sont tels que Valéry tente de dresser un plan pour contenir cette prolifération. Noté au verso du feuillet 23, ce schéma, construit sur un rythme ternaire, prévoit dix-huit strophes. On est loin encore des vingt-quatre dixains du poème publié...