Paul Valéry, Charmes
 
Cahier portant sur la couverture le titre "p v 1918", été 1917 - 1922, puis 1944
62 f. 21 x 17 cm
BNF, Manuscrits, N. a. fr. 19010, f. 27 v°
 
Destiné tout d'abord à des recherches pour un projet d'"opéra" ("Ovide chez les Scythes"), ce cahier devient, à partir de mai 1918, un cahier d'esquisses poétiques, avant de retrouver sa fonction première de bloc-notes. C'est le cahier de Charmes le plus riche et le plus secret. Certaines strophes nouvelles du Cimetière marin sont "essayées" ici, au printemps 1919, alors qu'éclate une structure qui paraissait entérinée, avant d'être reprises dans les marges et aux versos des feuillets 24 à 26 du cahier de mise au net (voir supra).
Il est remarquable que Valéry ait mis en doute, à ce moment précis, la validité du type prosodique qui s'était imposé à lui quelque deux ans plus tôt, à savoir le sixain décasyllabique. Il compose une esquisse de strophe qui n'est rien d'autre, dans son esprit, qu'un "test" rythmique, lequel fait varier à chaque vers l'emplacement de la coupe du décasyllabe. Déconcerté par les difficultés qui lui semblent ternir l'éclat de ce mètre, Valéry va jusqu'à tenter de passer à l'alexandrin, annotant pour cela la copie dactylographiée qu'il vient de réaliser des dix strophes du poème, ce qui donne pour la strophe 21 un résultat à la fois étonnant et peu concluant ("Chaste Zénon, cruel Zénon, Zénon d'élée", ou encore : "Hélas ! Le son m'enfante et la flèche me tue !")