Lorsque
Nerval part pour l'Orient en 1843, c'est plus à la poursuite de
ses rêves qu'à la découverte de pays réels
qu'il s'embarque. Ce mince carnet, couvert de notes à l'encre ou
au crayon, hâtives, minuscules et presque illisibles à force
d'abréviations, a été utilisé pendant son
séjour au Caire : entre l'esquisse d'un croquis et des listes
de dépenses journalières, quelques extraits de lectures
érudites alternent avec de brèves impressions touristiques
et la mention elliptique de visions ou de souvenirs jetés au hasard
de la page. Histoires et mythes orientaux se mêlent déjà
à sa douloureuse mythologie personnelle ; ce sera le sujet
du Voyage en Orient, mais certaines notes plus intimes annoncent
Aurélia ou Pandora, qu'il n'écrira que dix
ans plus tard : "Les rêves et la folie - L'étoile rouge
le Désir de l'Orient [...] Amours laissés dans un tombeau
- Elle - je l'avais fuie, je l'avais perdue". |