Les manuscrits profanes carolingiens dont nous disposons
témoignent pourtant d’une attitude assez différente
de celle qui préside aux textes sacrés. En effet, les ouvrages
religieux sont l’occasion d’aborder des questions théologiques,
et d’entretenir des débats (par exemple, sur la question de
la double nature du Christ, humaine et divine) ; c’est pourquoi
chaque manuscrit reflète l’évolution de cette réflexion,
la décoration des ouvrages changeant en fonction de la conception
qu’ils cherchent à transmettre (cf.
Les usages
du livre).
Dans le domaine du livre profane, en revanche, l’intention principale
est de transmettre une matière première qu’on considère
comme parfaite, donc sans modification possible. Puisque la somme maximale
des connaissances à laquelle l’esprit humain peut parvenir
est celle acquise par l’Antiquité, la seule mission du livre
est de la diffuser, intacte.
Quoi qu’il
en soit, l’art carolingien fait preuve d’une maîtrise et d’une
inventivité exceptionnelles dans le domaine du livre, qu’il soit
religieux ou profane ;
l’organisation de la production des manuscrits,
ainsi que le soutien impérial, permettent une expansion sans précédent
de l’art du livre.