Le tempérament pituiteux était dû, selon la théorie des humeurs, à un excès de liquide phlegmatique dans le sang. Au sortir de la non-vie de l’enfance, Casanova opte pour le sperme contre le phlegme et s’embarque pour une existence mouvementée. Il écrit à propos de son départ de Venise, à l’orée de sa jeunesse, envisageant de réussir sur « le grand trottoir de l’église » : « Je suis parti avec la joie dans l’âme sans rien regretter » (
HMV, I, p. 135).
Cette déclaration vaut pour chacun de ses départs au fil de sa carrière d’aventurier. Il a un talent spectaculaire de l’arrivée, ou de l’entrée en scène, et un art aussi sûr, quoique, par définition, beaucoup plus discret, de l’éclipse. « J’ai pris le beau moment de partir »
(HMV, p. 171), écrit-il de son départ de Naples, une ville qui toujours lui a porté chance.
Au cours de la trentaine d’années qui suivent, Casanova n’arrête pas de bouger. Tous les moyens de transport lui sont bons. Rome, Constantinople, Corfou, Venise, Paris, Amsterdam, Dresde, Vienne, la Suisse, Londres, Moscou, Saint-Pétersbourg, la Pologne, Prague, Paris, Madrid, le Sud de la France, Florence, Naples, Rome, Trieste… Il saute d’une berline à une chaise à porteur, d’une galère à une gondole, d’un vis-à-vis à une dormeuse.
La belle espérance