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Paysage chinois

Paysage chinois
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Le père Matteo Ripa (1682-1745), fut l’un des premiers étrangers à pénétrer dans le parc impérial de Chengde et à en faire un récit. Ce missionnaire qui n’était pas jésuite fonda à Pékin la résidence de la Sainte-Congrégation-de-la-Foi.

Depuis longtemps, le cuivre était utilisé dans les ateliers d’imprimerie chinois mais la technique de gravure telle que nous la connaissons fut introduite par les missionnaires, la première tentative ayant été réalisée par le père Matteo Ripa. Ce premier essai eut une suite puisque Ripa est aussi connu par sa gravure sur cuivre des 44 planches cartographiques d’un atlas réalisé, vers 1719, par les pères jésuites Régis, Jartoux et Fridelli. Plus tard, l’empereur Qianlong passa commande pour d’autres gravures en taille-douce représentant ses conquêtes qui furent cette fois exécutées dans les meilleurs ateliers français.

Lors de son passage en Angleterre en 1724, Ripa montra ses planches des parcs impériaux qui firent sensation dans les milieux londoniens, non pour la technique picturale mais pour ce que les paysages révélaient de l’art du jardin, sujet alors à la mode chez les architectes et les décorateurs.

Cet album relié des gravures de Matteo Ripa avec les poésies de Kangxi calligraphiées en vis-à-vis, malgré une grande fidélité à l’œuvre chinoise, comprennent des ajouts qui reflètent indubitablement une main occidentale. Selon l’usage chinois, les planches présentent des vues d’ensemble légèrement plongeantes, réalisées depuis une éminence comme le signale Ripa. Des zones laissées blanches suggérant des brumes ou des vapeurs d’eau procurent, dans la peinture chinoise, un effet de distance. Shen Yu et Zhu Gui jouaient sur les vides et les pleins, organisant les plans, le premier, le moyen et le lointain en les séparant par des espaces qui offrent une respiration et permettent à l’œil de se reposer. Les nuages, les plans d’eau, les rivières, le ciel ou la terre, y étaient laissés vides. Ripa se rattachant à une tout autre tradition a comblé ces lacunes : il accroît les détails, gonfle les nuages, personnalise le soleil, décore le lac par un reflet et y ajoute un banc de poissons, suggère des effets de lumière, de clair-obscur et d’ombrage, avec les moyens techniques à sa disposition.

Les images et le texte, tracé d’une main chinoise, ont été contrecollés en vis-à-vis sur les feuilles d’un album occidental. Cette œuvre concentre une multitude d’influences, guère perceptibles au premier abord ; publiée en mandchou et en chinois, elle opère une synthèse des valeurs culturelles pluri-ethniques en une seule œuvre politique et artistique au service de l’empereur Kangxi à laquelle la participation du père Ripa ajoute même un élément européen.

 

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Dynastie des Qing, ère Kangxi, 1711
  • Lieu
    Chengde, Chine
  • Auteur(es)
    Matteo Ripa (1682-1745), graveur ; Wang Zengqi, calligraphe ; Qing Shengzu Xuanye, auteur
  • Description technique
    Album relié constitué de 36 planches gravées au burin avec en vis-à-vis la calligraphie manuscrite des poésies en chinois, 40 x 34,5 cm, planches : 27 x 29,5 cm
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, RESERVE HD-90-FOL, pages 13-14

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmgggb64bckf0