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Palais européens du Yuanmingyuan, le jardin de la Clarté parfaite

Point de vue sur les jeux d'eau, de face
Palais européens du Yuanmingyuan, le jardin de la Clarté parfaite
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Constituant un lieu de promenade aussi exotique pour l'empereur de Chine que pouvaient l'être pour ses contemporains européens les pagodes et parcs à la chinoise édifiés en Europe, ce lieu présentait la quintessence de l'art occidental en Chine. Le point de départ de la création de ce nouveau jardin impérial fut le désir exprimé par Qianlong de posséder une fontaine, comme il avait pu en voir l'image dans un album présenté par les missionnaires. Cette manière européenne de capter l'eau - élément dont on connaît l'importance dans l'agencement du jardin chinois - et de la faire rejaillir, donna envie à l'empereur d'édifier une fontaine. Ces jeux d'eau n'étaient pas totalement inconnus puisque des jets et fontaines avaient déjà été installés auparavant par des Européens sous les Ming, au 17e siècle, puis sous les règnes de Kangxi et de Yongzheng. Mais le projet de Qianlong donna lieu à la construction de machineries beaucoup plus compliquées qu'auparavant. Ce fut le père Benoist (1715-1774), astronome français ayant des connaissances en hydraulique qui fut désigné comme fontainier de l'empereur, tâche pour laquelle il n'avait aucune expérience mais dont il acquit la connaissance nécessaire dans les ouvrages disponibles à Pékin. D'autres fontaines furent ensuite implantées, autour desquelles on construisit, comme toiles de fond, plusieurs bâtiments de style européen dont certains contenaient les machineries. Ce jardin d'agrément n'était guère fréquenté que par l'empereur et quelques-unes de ses femmes, mais fut rapidement connu en Occident grâce aux missionnaires qui en vantèrent les mérites.

Non seulement les gravures montrent une architecture étrangère, mais leur composition reflète une conception totalement nouvelle : en effet, contrairement aux édifices chinois qui se fondent dans le paysage et n'occupent jamais la totalité de l'image, la position frontale et la symétrie des bâtiments européens, l'effet de perspective et la rareté des éléments végétaux figurés comme des décorations figées - arbres taillés et alignés selon les principes de l'art topiaire - font de ces planches exécutées selon une technique très peu répandue en Chine, des images certainement étranges pour des yeux chinois. La planche Regards sur les jeux d'eau, de face montre le lieu aménagé pour permettre à l'empereur de s'asseoir et d'observer le buffet d'eau. Derrière son trône avait été placé un écran - à la manière chinoise - constitué de cinq panneaux de pierre ornés de bas-reliefs de trophées d'armes de chasse et de guerre. Deux élégants portiques symétriques placés de part et d'autre formaient un passage.

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1783
  • Lieu
    Pékin
  • Auteur(es)
    Yi Liantai, graveur
  • Description technique
    20 gravures en taille-douce montées sur doubles pages et encadrées de soie, planches : 64,3 x 97,5 cm, gravures : 49,5 x 86,5 cm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE OE-18 (A)-FOL, planche 16

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmh3sjqp5qgs