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L’illustration dans les imprimés chinois

Recueil de pains d’encre de la famille Cheng
Recueil de pains d’encre de la famille Cheng

Bibliothèque nationale de France

Le format de l'image est incompatible
L’impression, en Chine, est née de l’image. Rapidement toutefois, illustrations et textes se sont mêlés, dans une association féconde et durable.

Petite matrice xylographique 
Petite matrice xylographique  |

Bibliothèque nationale de France

La xylographie a tout d’abord reproduit des images : images simples, des silhouettes de Bouddhas aux contours linéaires, images plus élaborées faisant apparaître le drapé du vêtement et ajoutant des éléments décoratifs. Assez rapidement, des invocations pieuses, quelques caractères gravés avec maladresse sur la même planche, sont apparues, suivies par des textes un peu plus longs au-dessous des images. En fait, dès les premières impressions de textes à part entière, l’illustration y est associée, comme elle l’était dans les manuscrits.
Parmi les imprimés retrouvés à Dunhuang, le fameux « Sûtra du Diamant » conservé au British Museum peut être considéré comme le premier livre illustré. Gravé en 868 de notre ère, il ouvre, avec son frontispice représentant le Bouddha en discussion avec son disciple Subhûti, une tradition qui se maintiendra jusqu’aux dernières gravures des écritures bouddhiques. Le frontispice deviendra même de plus en plus important, occupant jusqu’à sept panneaux d’accordéon.

Dès les Song (960-1279), tous les types d’illustrations sont attestés : cartes des provinces, plans des villes, illustrations pour les « Classiques », traités médicaux, pharmacopées, biographies, manuels de peinture, catalogues de collections archéologiques. Seuls quelques rares exemplaires originaux de ces éditions nous ont été conservés, mais la plupart nous sont connues par les fac-similés ou les copies successives – parfois réductrices – qui en ont été exécutées de siècle en siècle. La fin de la dynastie Ming, période faste pour l’imprimerie dont la production originale nous est mieux connue, verra foisonner les éditions illustrées. Tout est prétexte à représentation imagée, même un cortège funèbre, bien inhabituel. En cette période d’intérêt, nouveau, pour la technologie, il est tout naturel de trouver des illustrations représentant des outils agricoles ou les fabrications les plus variées.

Annuaire administratif
Annuaire administratif |

© Bibliothèque nationale de France

Traité d’acupunture illustré
Traité d’acupunture illustré |

Bibliohtèque nationale de France

La floraison de la littérature de divertissement – roman, conte, théâtre – au cours du dernier siècle de la dynastie, alors qu’une intense activité commerciale dégage des richesses et que le pouvoir impérial faiblissant laisse davantage de liberté individuelle propice à la création, est un des aspects de l’édition chinoise de cette époque. Le texte de plusieurs grands romans se fixe, les éditions, nombreuses, souvent imitées, circulent. Beaucoup sont illustrées. Le théâtre, dont le développement doit beaucoup à l’émergence d’une bourgeoisie urbaine aisée, est lui aussi édité comme il ne l’avait jamais été jusque-là. Bien des éditions de pièces isolées ou d’anthologies sont illustrées.

Cent pièces d’opéra d’auteurs de la dynastie des Yuan
Cent pièces d’opéra d’auteurs de la dynastie des Yuan |

© Bibliothèque nationale de France

La xylographie procure une totale liberté dans la mise en page. Les caractères peuvent être organisés en diagrammes. Le texte et l’image, gravés sur une même planche peuvent se mêler pour donner, au plus près, les légendes des illustrations techniques. L’illustration peut s’insérer dans le texte, parfois dans des « casiers », ou être disposée en bandeau, au-dessus du texte, reprenant une mise en page utilisée dans certains manuscrits illustrés. Prenant de plus en plus d’importance, elle occupe alors une pleine page, voire deux pages consécutives. Parallèlement, à l’intérieur d’un même ouvrage, leur nombre augmente, atteignant, à titre exceptionnel, plusieurs centaines de pages. « La Grande Encyclopédie impériale illustrée », imprimée en 1726-1728 au Wuyingdian en comptera plusieurs milliers.

La Grande Encyclopédie impériale illustrée des temps passé et présent
La Grande Encyclopédie impériale illustrée des temps passé et présent |

Bibliothèque nationale de France

Les illustrations des éditions à bon marché, gravées par des artisans, ont habituellement un style un peu naïf et gauche, marqué par des aplats noirs assez importants qui leur confèrent un aspect « archaïque ». Insérées dans le texte ou occupant toute une page, elles sont encadrées d’une épaisse ligne noire et des cartouches donnent leur titre en gros caractères.

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