Le
lettré fonctionnaire et son univers littéraire
Augmenté parcimonieusement au fil du temps pour aboutir
au chiffre de treize Classiques au XIIe
siècle, les Shisan jing, le corpus est constitué
d’un ensemble hétérogène de traditions
transmises oralement puis fixées par écrit à
des époques très diverses, les plus anciennes
au début, les plus tardives à la fin du premier
millénaire avant notre ère. Au début
de notre ère, elles représentèrent l’héritage
des valeurs fondamentales du passé légué
par les souverains sages, transmis précieusement par
les érudits et les maîtres, Confucius (551-479
avant notre ère ?) intervenant seulement comme
un garant de la pureté de la transmission.
Les "Classiques"
Ce qu’il est convenu d’appeler confucianisme mais
qui en chinois se dit rujiao, la doctrine des "faibles",
celle des lettrés, est un système de pensée
qui remonte à la haute antiquité. Confucius
lui-même se référait déjà
à l’autorité de certains textes du corpus.
Les plus anciens sont le Yijing, Livre des mutations,
le Shujing, Classique des documents, le Shijing,
Classique des odes auxquels s’ajoutent des Chroniques
de la période dite des "Printemps et Automnes"
dans l’État de Lu, chronique des années
722 à 468 avant notre ère, ainsi que des ouvrages
de rituel et un recueil sur la musique non conservé,
qui tous ont été composés à l’époque
pré-impériale, et sont donc antérieurs
à 221 avant notre ère. Sous le règne
de Han Wudi (140-88 avant notre ère), le confucianisme
fut officiellement reconnu comme une doctrine d’État,
et un corpus fixé à cinq textes désormais
nommés Jing, "Classiques", vit le jour. Un
texte de Piété filiale (Xiaojing) et
les Entretiens de Kong Zi (le Lunyu), autrement dit
les écrits de Confucius, furent ajoutés sous
les Han postérieurs (25-220), pour former un ensemble
de sept Classiques. À partir des Tang, le corpus s’élargit
à neuf textes canons puis passa à douze et enfin
à treize : le rituel est représenté
par trois ouvrages, les Chroniques des Printemps et Automnes
comprennent trois versions commentées, auxquels s’ajoute
un lexique ancien, le Erya et, sous les Song, le Canon
est augmenté du texte du philosophe Meng Zi, Mencius
(vers 370 – vers 290 avant notre ère). Ce corpus
compte un nombre de mots relativement peu important, un peu
moins de 590 000, nécessitant la connaissance
de 6 544 caractères différents dont 1 500
sont des noms propres.
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