Le Ciel et la Terre à travers les cosmogonies :
L’âme au ciel ou l’âme-ciel

     

Le cosmos de Dante
Plus profondément, pour les différentes traditions mythiques c’est l’âme humaine qui est un vestige d’une appartenance céleste. Pour les Tatars, les premiers hommes furent créés sur la terre mais Jajyk-Khan, leur dieu, retourna jusqu’au ciel pour leur chercher des âmes-oiseaux.
Le même mot, psyché, ne désigne-t-il pas en grec simultanément l’âme et le papillon ?
C’est l’âme qui relie l’homme au ciel. Des légendes lithuaniennes racontent que lorsqu’un homme naît sur la terre, Verpéja commence à filer dans le ciel le fil de sa vie. Accroché à une étoile qui se rapproche de la terre au fur et à mesure que l’homme grandit, ce fil se rompt quand l’homme doit mourir ; alors, l’homme s’éteint avec son étoile.
Chez les Anciens, Grecs et Latins, le destin de chaque homme était lié à une étoile : brillante lorsque l’homme était bien portant, elle se ternissait s’il venait à tomber malade. La chute d’une étoile filante pouvait être le signe qu’un homme était mort.
L’Evangile des quenouilles atteste de la survivance de cette croyance au Moyen Age :
"Quand vous verrez une nuit choir une étoile, sachez pour vrai que c’est un de vos amis qui est trépassé, car chaque personne a une étoile au ciel pour lui, et quand il meurt, elle choit."
    

Energies planétaires
et ascension mystique
Mais il se pourrait bien qu’à chaque homme sa propre âme soit plus inaccessible que le ciel matériel qui l’entoure... Dans les grandes traditions ésotériques c’est par l’initiation et l’ascèse que l’homme, tombé du ciel, peut retrouver à l’intérieur de lui sa dimension céleste. Ce n’est plus alors l’âme qui est dans le ciel, mais le ciel qui est dans l’âme, microcosme-miroir et germe d’un macrocosme qu’elle enserre et transcende par une inversion vertigineuse d’échelle.
    

  "Vivre, c’est passer d’un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner?"
Georges Pérec, Espèces d’espaces

      
La hiérogamie, ou mariage sacré, est une des formes que prennent dans les mythologies l’union étroite du ciel et de la terre.
En Egypte, Nout, le Ciel, mère des dieux, a épousé Geb, dieu de la terre. Courbée en forme de voûte, ses mains touchant le sol à l’Orient, ses pieds à l’Occident, elle enveloppe l’ensemble du Cosmos. Elle est "allongée" sur la Terre. Mais sur ordre de Rê, dieu du soleil né de leur union, Shou, le dieu de l’air, se glisse entre les deux époux et soulève le corps de la déesse qu’il sépare de la terre.
Dans la théogonie grecque telle que la raconte Hérodote, Gaïa, divinité des commencements, engendre le Ciel Ouranos. Ensemble ils donnent naissance aux premiers dieux, les douze Titans, les trois Cyclopes, les trois cent Bras et enfin Cronos. Mais le corps d’Ouranos pesant de tout son poids sur la terre finit par gêner les jeunes dieux et Gaïa elle-même qui décida Cronos à mettre fin aux débordements de son père en le castrant. C’est la fin du mariage sacré entre Ouranos et Gaïa et le véritable début de la Création. Les dieux surgissent à la lumière du jour tandis que le Ciel s’élève.
En Chine, le Ciel est une entité yang, masculine et fécondante ; la Terre, entité yin est son épouse. L’union rituelle de l’empereur, véritable "Fils du Ciel", avec l’impératrice, avait pour fonction de reproduire cette hiérogamie primordiale.