Poèmes et récits

     
Poème indien

Au commencement, cela était non existant.
Cela devint existant, grandit.
Cela devint un ouf.
L'ouf demeura ainsi le temps d'une année.
L'ouf s'ouvrit.
Des deux moitiés l'une était d'argent, l'autre d'or.
Celle en argent devint cette terre,
Celle en or devint le ciel,
L'épaisse membrane du blanc les montagnes,
La fine membrane du jaune la brume et les nuages,
Les petites veines les rivières
Et le liquide la mer
Et le soleil naquit.

Londres 1926 - cité par Marie-Louise von Franz,
Les mythes de la création, La Fontaine de Pierre, 1982 Upanishad vol I p. 54-55,
trad. Max Müller,
Oxford University Press

     
Poème hébreu

Dieu dit : "Qu'il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour de la nuit, qu'ils servent de signes tant pour les fêtes que pour les jours et les années,
et qu'ils servent de luminaires au firmament du ciel pour illuminer la terre". Il en fut ainsi.
Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour présider au jour, le petit pour présider à la nuit, et les étoiles.
Dieu les établit dans le firmament du ciel pour illuminer la terre, pour présider au jour et à la nuit et séparer la lumière de la ténèbre. Dieu vit que cela était bon.
Il y eut un soir, il y eut un matin : quatrième jour.

La Genèse, Quatrième Jour,
Traduction œcuménique

     
Poème Chinois

Quelque chose de confus et mélangé
Etait là
Avant la naissance du ciel et de la terre.

Fait de silence et de vide
Seul et immobile
Circulant partout sans s'user
Capable d'être la genèse de l'univers.

Son nom reste inconnu
On l'appelle Tao.
Et, pourquoi pas,
Grand absolu.

Grand car il y a expansion
Expansion toujours plus loin
Spirale avec son retour.

Ainsi, grande est la voie
Grand est le ciel, grande est la terre
Grand, l'être.

Dans l'univers existent quatre grandeurs
Dont l'être.
L'être humain se modèle sur la terre
La terre sur le ciel
Le ciel sur la voie
Et la voie demeure naturelle.

Tao-Te-King, Chant 25, de Lao-Tseu,
vers VIe s av. JC;
trad. Ma Kou, Albin Michel, coll Spiritualité, 1984

     
Poème Phénicien

"Sans limites et sans durée était l'atmosphère, et un vent s'élevait en son même sens. Et le vent devint amoureux de son principe et se retourna sur lui-même, d'où naquit le Désir. Le Désir a été le principe de tout [...] Et de lui naquit Môt, pourriture d'un mélange aqueux. Môt apparut en l'aspect d'un Œuf, - et de là sortirent des êtres inconscients, puis conscients et contemplateurs des cieux !"

(in P. Ravignant et A. Kielce (éd.).
Cosmogonies : les grands mythes de la création du monde (choix de textes),
Le Mail, 1988)

     
Poème Grec

"Donc, avant tout, fut le Vide ; puis Terre aux larges flancs, assise sûre à jamais offerte à tous les vivants, et Amour, le plus beau parmi les dieux immortels, celui qui rompt les membres et qui, dans la poitrine de tout dieu comme de tout homme, dompte le cœur et le sage vouloir. Du Vide naquirent Erèbe et la noire Nuit. Et de Nuit, à son tour, sortirent Éther et Lumière du Jour. Terre, elle, d’abord enfanta un être égal à elle-même ; capable de la couvrir toute entière, Ciel Étoilé, qui devait offrir aux dieux bienheureux une assise sûre à jamais. "

Hésiode, Théogonie ;
traduction Les Belles Lettres

     
Pan Gu

Il était une fois, Yin les ténèbres et Yang la lumière. Yin et Yang constituaient les deux forces vitales de l’univers. De leur union, naquit le dieu Pan, Gu. Il se développa durant 18 000 ans dans les ténèbres d’un énorme œuf. Au bout de 18 000 ans, l’œuf s’ouvrit et se divisa : toutes les particules transparentes et légères s’envolèrent et formèrent le ciel, tandis que les parties lourdes et opaques s’enfoncèrent pour former la terre.

Pour empêcher le ciel et la terre de se mêler à nouveau, Pan Gu se redressa et se mit à grandir de dix pieds par jour pour les tenir écartés. Ainsi séparés pendant 18 000 ans, la terre et le ciel se stabilisèrent.

Pan Gu put enfin se reposer ; il s’allongea et mourut. Son souffle donna naissance au vent et aux nuages, sa voix au tonnerre, son œil gauche devint le soleil et son œil droit la lune, ses cheveux et ses moustaches dévirent des étoiles dans le ciel. Les autres parties de son corps se transformèrent en montagnes, en fleuves et en arbres et constituèrent toutes les parties de la terre et sa transpiration se transforma en pluie et en rosée.

Mythe chinois

     
La mort du chaos

Shu l’empereur de la mer septentrionale et Hu l’empereur de la mer du Sud se rencontrèrent souvent sur le territoire du Hun Dun, le chaos. Ils voulurent le remercier de son hospitalité. S’avisant que chacun d’entre eux possédait sept orifices corporels pour manger, voir et entendre, alors qu'Hun Dun n’en avait qu’un, ils décidèrent d’offrir de nouveau orifices à leur hôte. Ils creusèrent le corps de Hun Dun à l’aide de ciseaux et de pointes, à raison d’un trou par jour. Au bout du septième jour, ils achevèrent leur ouvrage mais Hun Dun était mort. Tandis que le chaos rendait l’âme, le monde voyait le jour.

Mythe chinois rapporté par Zhuangzi
IVe s. avant J.-C.

     
Autres mythes et récits

Vous pouvez consulter l’anthologie et le site internet suivant :
http://alexm.here.ru:8081/mirrors/www.enteract.com/jwalz/Eliade/create.html
(en anglais)