Le Chaos


La naissance des
dieux chez Hésiode
Les métamorphoses du Chaos

La Grèce antique connut une très large variété de mythes cosmogoniques. Villes et tribus, unies par le langage et une culture commune, pratiquaient des cultes divers, chacun proposant une version distincte de la cosmogonie et des dieux chargés de présider aux mouvements célestes.
La Théogonie d’Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.) propose une première synthèse de traditions plus anciennes, en racontant les différentes phases de la naissance des dieux à partir du chaos originel. Elle propose une réponse aux éternelles interrogations cosmogoniques : qui a créé le monde, à partir de quel matériau primitif a-t-il été conçu, dans quel ordre sont apparus les dieux, les astres et les éléments ?
La Théogonie par certains aspects préfigure les descriptions modernes – notamment l’origine du monde imaginée à partir d’un chaos primitif. Puisque le monde visible est apparemment ordonné (bien qu’imparfait), il semble logique de décrire l’état du monde antérieur à sa création par un terme synonyme de désordre et de confusion. Cette notion s’est révélée l’une des plus fécondes de la pensée cosmogonique.

   

Les Métamorphoses
d'Ovide
Ainsi, les Métamorphoses d’Ovide puisent dans le riche répertoire de la mythologie grecque, et dans les fables romaines, pour retracer les métamorphoses de l'univers depuis le chaos :
"Avant la mer, la terre et le ciel qui couvre tout, la nature, dans l’univers entier, offrait un seul et même aspect ; on l’a appelé le chaos ; ce n’était qu’une masse informe et confuse, un bloc inerte, un entassement d’éléments mal unis et discordants."
Ovide, Métamorphoses, livre Premier, trad. G. Lafaye, Les Belles Lettres, 1991

 


Le Chaos ou l'origine
du monde

Selon Hésiode, le monde fut toutefois créé ex vacuo, c’est-à-dire à partir d’un état préexistant, le "vide", et non pas ex nihilo, à partir de rien. Cette question est des plus fondamentales, la création ex nihilo correspondant à l’interprétation courante de la Bible dans la tradition judéo-chrétienne. Mais les premiers versets de la Genèse, le livre de Job ou le second livre des Maccabées exposent des versions légèrement différentes. Cette disparité a suscité des siècles d’exégèse. Deux interprétations des Écritures sont donc possibles : celle qui admet la préexistence d’une masse informe et vide et celle qui prétend qu’aucune matière n’existait avant la Création, doctrine aujourd’hui largement dominante dans le monde chrétien.
  

Le chaos ou l'origine
du monde

La cosmologie quantique, qui est actuellement la forme la plus élaborée de la cosmogonie scientifique, se fonde sur les théories de la relativité générale et de la physique quantique. Elle tente de mettre en équations le surgissement spontané de l’Univers à partir des fluctuations du "vide quantique". Ce dernier ne ressemble nullement au vide traditionnel ; il est semblable à un océan virtuel sans cesse agité d’ondes d’énergie, lesquelles peuvent engendrer spontanément des paires de particules et d’antiparticules. Ces couples éphémères, s’annihilant aussitôt apparus, laissent la place à une écume bouillonnante d’énergie et perpétuellement changeante, poétiquement appelée "écume de l’espace-temps". Au hasard des fluctuations, il peut arriver qu’une particule et son antiparticule soient suffisamment séparées pour ne plus pouvoir s’annihiler mutuellement. De la "matière" surgit alors du vide. Notre Univers tout entier pourrait être né ainsi d’une énorme fluctuation du vide, démesurément grandie sous l’effet de l’expansion.