Deuxième voyage de Maffeo et Nicolo Polo
  

En 1271, les frères Polo, accompagnés cette fois du fils de Nicolo, Marco alors âgé de dix-sept ans, repartent avec deux missionnaires, Guillaume de Tripoli et Nicolo de Vicence - qui n'iront pas plus loin que l'Arménie. Partis d'Acre et après avoir gagné la petite Arménie, ils décident de se diriger vers Ormuz, point de transbordement connu sur la route des épices et des métaux précieux d'Orient. À l'époque du voyageur, la ville d'Ormuz était située sur la rive du golfe Persique, avant d'être transférée peu après sur l'île de Djarun située en face. Une double localisation que reproduit l'Atlas catalan : "Insula de Ormis" et "Hormission" ; autre nom donné à la ville d'Ormuz, d'après "le philosophe Hermès qui l'aurait construit avec grand art" (Fleur des histoires, livre I, chapitre VI). L'île d'Ormuz où "les marchands y viennent de l'Inde avec leurs nefs, y apportent épiceries de toutes sortes, pierres précieuses, perles et draps de soie et d'or et d'autres différentes couleurs, dents d'éléphants et maintes autres marchandises (chapitre XXXV)".
  

Mais au lieu de poursuivre par la mer, ils optent pour une voie terrestre, au sud de la traditionnelle route de la soie, qui les conduit pendant plus de quatre ans à travers l'Asie centrale, par Kerman, Nichapor, Balch et le Badasckhan ("Badalench", "Monts de Baldasia") pour lequel "Les entrées de ce royaume sont des passes très étroites, malaisées, abruptes [...] Leurs cités et villages sont sur les grandes montagnes en lieux très forts. Les particulières qualités de ces montagnes les voici : elles sont si hautes qu'un homme les gravissant depuis le bas jusqu'au sommet dès le matin, le soir ne serait pas encore arrivé en haut (chapitre XLVII)".

L'itinéraire passe successivement par :
- Cascar -Kachgar- ("Camar"), au pied du Pamir, "Il y parvient nombreux vêtements et marchandises [...] De cette contrée partent beaucoup de marchands, qui s'en vont commercer par tout le monde. Ce sont en vérité gens très mesquins et misérables, car ils boivent et mangent fort mal" (chapitre LI). De là part une route vers Bagdad, passant par Merv, Boukhara ("Bocar") et Samarcande ("Samarchoti"), "noble et grandissime cité" dont les habitants sont chrétiens et sarrasins (chapitre LII)".
- Cotan -Khotan- ("Cotam") que Marco Polo décrit sans conviction ; on y trouve "abondance de toutes choses. Il y pousse assez de coton, de lin, et de chanvre, de l'huile, des grains et du vin, et le demeurant tout comme en nos pays. Les gens vivent de commerce et de métiers, mais point ne sont hommes d'armes, plutôt vils et couards. De cette province rien n'y a d'autre à dire (chapitre liv)".
- le Sinkiang, jusqu'à Lop ("ciutat de Lop"), à l'entrée du désert de Gobi et Saciu - Dunhuang - ("Jachion").
  

De Camul ("Camull")," qui fut jadis royaume, dans la grande province de Tangut. Il y a assez de villes et de villages, et la maîtresse ville est appelée "Camul" comme la province. Cette province est vers la Grande Ourse, entre deux déserts, car d'un côté est le très grand désert de Lop, dont je vous ai déjà parlé, et de l'autre un petit désert de trois journées [...] Ils vivent des fruits de la terre, car ils ont assez de choses à manger et à boire, tant pour eux-mêmes que pour donner et vendre aux voyageurs qui passent par là, et aux marchands, qui en emportent en d'autres lieux (Le Devisement du monde, chapitre LIX)", "Quand on a chevauché les trente journées de désert que je vous ai dites, alors on trouve une cité qui est appellée Saciu ("Jachion"), et qui est au Grand Khan. Elle est en une province appelée Tangut (chapitre LVIII)".
   
 

Une route mène à l'Iuguristan ("Sugur"), "une certaine vaste province qui est au Grand Khan [...] les gens sont idolâtres et très versés dans leurs lois et coutumes, et toujours étudient les arts libéraux. En cette terre viennent du blé et de très bonne vigne. Mais en hiver le froid y est plus cruel qu'en aucune partie du monde connu (chapitre LIX)" ; elle conduit jusqu'à Ghinghin Talas ("Cigicalas"). "Quand on part de la dite province de Camul, Ghinghin Talas est une province toute voisine du petit désert, entre la Tramontane et la Grande Ourse (chapitre LX)".
    
La route traverse le Tangut ("Tanduch"), pays des chrétiens ; "Et de cette province en est roi un de la lignée du Prêtre Jean, et encore est Prêtre Jean ; et sachez qu'il est prêtre chrétien comme sont tels tous les chrétiens de ces pays ; mais son nom est George, et la plus grande part du peuple est chrétien (chapitre LXXIX)" et les villes de Sindaciu ("Sinacinus"), "[...] où l'on fait beaucoup de métiers, notamment toutes fournitures et harnois nécessaires pour les armées (chapitre LXXIX),
- Ciagannor ("Cingamor") "qui veut dire en latin "bassin blanc", où est un très grand et beau palais qui est au grand Khan, et où il habite quand il vient (Le Devisement du monde, chapitre LXXIX)",
- Ciandu - Changtou - ("Chiancha"), résidence d'été du Grand Khan,
- et enfin Taiyuan - Taianfu - ("Chayanfu") où les voyageurs rencontrent le Grand Khan en 1275 avant de gagner Cambaluc - Pékin - ("Chambalech") dont la description dans l'Atlas est reprise, mot pour mot de Marco Polo (chapitre LXXXV).