Lyre cosmique Robert Fludd, Utriusque cosmi, majoris scilicet et minoris, metaphysica, physica atque technica historia, |
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s.l., t. I, 1617. In-fol. Paris, BnF, Réserve des livres rares, Rés. 477 (1) |
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Robert Fludd, à qui ses contemporains reconnaissaient
un grand esprit encyclopédique, était encore très influencé par lésotérisme.
Soucieux de réconcilier la science de son époque avec une certaine métaphysique,
il fut particulièrement séduit par lidée que lharmonie céleste
puisse sexprimer par la musique des sphères. Pour Fludd, cette harmonie,
résultant dune volonté divine explicite, parle directement à notre
âme. Dans cette illustration, la corde cosmique embrasse deux octaves de
7 notes chacune, ainsi que la hiérarchie familière des trois mondes : le
monde angélique (3 ordres), le monde éthéré (7 ordres), le monde des éléments
(4 ordres). Tout en haut, la main divine sort dun nuage pour accorder
linstrument Univers. Les deux octaves « dis-diapason »,
selon la terminologie de Fludd sétendent depuis un sol grave
(G) associé à la Terre jusquà un sol aigu associé à lEmpyrée,
en passant par le sol médian associé au Soleil (nous sommes dans un système
géocentrique). Le diapason grave, reliant la Terre au Soleil, est le diapason
de la matière. Le diapason aigu, reliant le Soleil à lEmpyrée, est
le diapason de lessence. La théorie musicale sous-jacente est le système
harmonique attribué à Pythagore, qui a dominé lhistoire de la musique
occidentale à travers lAntiquité, le Moyen Âge et la Renaissance
avant lintroduction de la gamme tempérée au XVIIe siècle.
Dans ce système, les intervalles entre notes distinctes sont déterminés
par les rapports entre les quatre premiers nombres entiers. Les seuls rapports
possibles sont 2/1, 3/1, 4/1, 3/2, 4/3. Le rapport 2/1 est la proportion
dupla (loctave), le rapport 3/1 est la proportion tripla (octave +
quinte), le rapport 4/1 est la proportion quadrupla (double octave), le
rapport 3/2 est le diapente (quinte) et le rapport 4/3 est le diatesseron
(quarte). |