patience...
 
  L'homme dans la lune
Francis Godwin,
The Man in the moone, or a Discourse of a voyage thither, by Domingo Gonsales
Londres, J. Kirton, 1638. In-8o
Paris, BnF, Rés. livres rares, Rés. p.V.752 (6)
 
The Man in the Moon de Francis Godwin (1562-1633) est le premier récit de voyage dans l’espace écrit en langue anglaise. Ce texte qui reflète les théories scientifiques et philosophiques de son époque est une mise en œuvre littéraire de la conception de l’univers des années 1630. On y trouve des échos aux théories de Copernic sur le mouvement de la terre, de Galilée sur la surface lunaire, et de William Gilbert sur le magnétisme, ainsi que des références au Songe de Kepler, publié un an après la mort de Godwin mais qui avait circulé auparavant sous forme manuscrite. Ces aventures imaginaires insérées dans un cadre historique précis mettent en scène un gentilhomme espagnol, Domingo Gonzales, forcé de s’embarquer pour les Indes après un duel. Malade, il est débarqué sur l’île déserte de Sainte-Hélène. Il y apprivoise des cygnes sauvages, les gansas, et leur apprend à le porter dans les airs. Au retour de la flotte il les prend avec lui pour repartir en Espagne. Mais dans l’archipel de Teneriffe, représenté sur cette gravure, il s’envole avec eux pour échapper à une attaque anglaise. Ses oiseaux le portent au sommet du Pic de Teide et de là prennent leur envol vers la Lune. Le voyage dure onze jours, sans effort pour les volatiles car l’équipage n’est bientôt plus soumis à l’attraction terrestre. Le narrateur a l’occasion pendant ce voyage de voir la terre tourner sur elle-même et de confirmer la théorie de son mouvement. Au cours de sa montée il rencontre des esprits malins du ciel. A son arrivée Domingo Gonzales découvre un peuple de géants vertueux qui parlent une langue musicale et universelle. Sur la lune la durée du jour est plus longue que sur la terre et les corps y sont si légers qu’il suffit d’agiter un éventail pour voler. Pour retourner sur la terre Gonzales emprunte le même chemin et atterrit en Chine, sans s’écraser sur le sol grâce à l’action d’une pierre de la lune qu’il porte contre lui. Evêque, écrivain et historien anglais Francis Godwin a aussi laissé une œuvre historique sur l’Angleterre avec les Annales of England et le Catalogue des évêques d’Angleterre (1601). Publié de façon posthume à Londres en 1638, The Man in the Moon a été traduit en français en 1648 par Jean Baudouin. C’est sans doute cette version qui était connue de Cyrano de Bergerac et dont il s’inspira pour son Autre monde. Cet exemplaire de la première édition anglaise fait ici partie d’un recueil. Il est relié avec d’autres textes astronomiques, le De libris revolutionum de Copernic, le Sidereus nuncius de Galilée, la Dissertatio cum nuncio sidereo de Kepler et l’Explicatio characterum, aeneis, uranometrias de Bayer.