La planète Saturne Christiaan Huygens, Cosmotheoros sive de Terris coelestibus earumque ornatu conjecturae |
||||
La Haye, A. Moetjens, 1698. In-4°. Paris, BnF, Rés. livres rares, Rés V.871 |
||||
| ||||
Christiaan Huygens (1629-1695) découvre en 1665,
à laide de la lunette, le premier satellite de Saturne et comprend
la nature des anneaux qui entourent la planète. A la fin de sa vie, il rédige
cet ouvrage en 1694, mais il nest publié quaprès sa mort les
soins de son frère. La question de la pluralité des mondes habités nest
pas neuve au moment où Huygens sen empare et, au nombre de ceux qui
le précèdent, on doit compter, entre autres, Nicolas de Cues, Giordano Bruno
ou Pierre Gassendi. Mais le Cosmotheoros, qui ne cesse de réfuter
lIter extaticum coeleste, dAthanase Kircher, attaché
au système géocentrique de Tycho Brahé, associe étroitement la défense du
système copernicien et la conjecture selon laquelle les soleils, qui sont
autant de mondes, nont pas été créés en vain et sans occupants : lexistence
de planéticoles est pour Huygens une conséquence de la cosmologie copernicienne
et de lapplication de la Providence divine à toutes les Terres célestes.
Les deux livres du Cosmotheoros sont en outre loccasion déprouver
le principe de relativité du mouvement en décrivant les apparences des cieux
depuis lensemble des planètes de notre système solaire. Cest
aussi loccasion pour Huygens de mesurer lunivers observé et,
en particulier, sa détermination de la distance de Sirius (27 000 fois la
distance de la Terre au Soleil) sera reprise par Kant dans la Théorie
du ciel (1755). Mélange dun système précis, mesuré, du monde et
dun vagabondage philosophique, le Cosmotheoros tient une place
à part dans luvre de Huygens, mais aussi dans la tradition de
tels écrits. Douze éditions de cet ouvrage sont données entre 1698 et 1767
et Fontenelle, auteur des très littéraires Entretiens sur la pluralité
des Mondes (1698), reprendra dans des éditions corrigées les distances
données par Huygens. |