Dans les Mémoires d’un clown parues en feuilleton dans le journal Liberté, en janvier et février 1930, Beby (Aristodemo Frediani, 1882-1958) loue sa rencontre avec Antonet (Umberto Guillaume, 1872-1935) et la chance de pouvoir travailler avec un maître tel que lui. Il compare leurs destins : ils sont tous deux fils de directeurs de cirques italiens, rompus aux exercices acrobatiques au tapis ou sur le dos d’un cheval et possesseurs de cette vis comica basée sur l’observation des scènes de la vie quotidienne et des caractères.
Avec l’avènement du clown parleur, le duo trouve une légitimité accrue et Antonet s’engouffre avec maestria dans l’aventure de la comédie clownesque. Beby célèbre l’inventivité de son partenaire, son art de mettre en valeur un simple argument qui devient une entrée comique inimitable, et l’art de se valoriser par des costumes brillants et luxueux très vite copiés par les autres clowns. Mais si Aristodemo en parle peu dans ses souvenirs, l’autorité et la tyrannie, à la ville comme à la scène, de son partenaire Antonet, aigrit Beby et ternit la fin de leur carrière commune, menant même à des séparations passagères. Mais avec le temps, ne reste plus que l’image d’un duo resté aussi célèbre que celui de Foottit et Chocolat.