Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Parade de ménagerie

Charles Piot (1885-1972), début du XXe siècle
Dessin à la gouache sur papier, 54,2 x 64,8 cm
Collection Jacob/William. CNAC, Châlons-en-Champagne ; La Tohu, Cité du cirque Montréal, Québec
© Centre national des arts du cirque, collection Jacob/William
Né à Bruxelles en 1885, installé à Paris en 1910, Charles Piot est un sculpteur dont les commandes embellissent toujours plusieurs bâtiments publics. Passionné par la faune sauvage, il a hanté bon nombre de ménageries foraines, arpenté les allées de plusieurs parcs zoologiques, notamment ceux d’Anvers et de Paris, et réalisé d’innombrables croquis, aquarelles et peintures aux couleurs toujours vives de ses modèles favoris.
Cette gouache sur papier est une évocation de la splendeur des ménageries foraines telles qu’elles s’offraient aux badauds des champs de foire entre 1880 et 1910. Elle représente probablement la façade d’un établissement prestigieux et Charles Piot a visiblement emprunté aux ornements de la ménagerie Laurent, aux dépouilles de fauves qui décorent celles de Bidel (1839-1909) et aux tableaux d’accident d’Edmond Pezon (1868-1916), pour la composer. Une petite silhouette qui s’apprête à pénétrer dans la baraque, à gauche au fond de la grotte ornée des dépouilles des anciennes vedettes à fourrure et à griffes, pourrait être François Bidel ou Edmond Pezon. Une abondante chevelure grise et une tenue sombre caractérisent en effet les deux dompteurs au tournant du siècle.
C’est l’instant décisif de la parade, où il faut que la trèpe – mot qui désigne la foule des badauds, spectateurs potentiels – soit nombreuse pour que l’entresort se remplisse de « pantres » d’une séance à l’autre. Chacune et chacun se démène pour faire du bruit et attirer l’attention d’un public toujours indécis et surtout très sollicité par la diversité des multiples attractions qui s'alignent tout au long des allées. Ici, une jeune fille s’avance au bord des marches, un python drapé autour des épaules, tandis que les cuivres de l’orchestre installé sur une estrade s’époumonent pour couvrir ceux de la concurrence. Un bonisseur annonce les merveilles proposées, déroulant le catalogue des entrées de cage avec des fauves toujours plus féroces. Plusieurs dompteurs en dolmans, une femme vêtue à la manière des gauchos et la mère du patron qui trône derrière sa caisse sont des figures familières pour les habitués des boulevards où s’installent régulièrement des ménageries plus ou moins importantes. Phagocytées dans les années 1930 par le bien nommé cirque-ménagerie, la plupart de ces entreprises de proportions parfois impressionnantes, forgées sur le principe de l’exhibition des fauves, auront disparu à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
 
Sources :
- Articles sur Charles Piot dans Le Cirque dans l’Univers n° 66, p. 23 et n° 86, p. 33.
- Henry Thétard, Les Dompteurs, Paris, Gallimard, 1928.