Avec Le Cri du caméléon, mis en scène par le dramaturge et chorégraphe Joseph Nadj, en 1995, les arts du cirque prennent un tournant décisif, à l’échelon universel. Inspiré par le livre d’Alfred Jarry Le Surmâle (1902), le spectacle met en mouvement, dans une piste ronde et une scénographie qui évoque l’univers des peintres surréalistes belges René Magritte (1898-1967) ou Paul Delvaux (1897-1994), une mécanique de l’absurde, drôle, folle, mue par onze garçons coiffés chapeaux melon, danseurs, acrobates, jongleurs, musiciens.
Bernard Turin, le directeur du Centre national des arts du cirque dit alors, au journal télévisé de France 3, en décembre 1995 : « Nous sommes une école d’art et comme toute école d’art, nous devons être tournés vers l’avenir et nous devons permettre aux artistes qui sortent de cette école de devenir les créateurs du cirque de demain ».
Ce qui fut dit fut fait. Reconnu comme fondateur du cirque contemporain, le spectacle de la 7^e promotion du CNAC, désormais organisée en une compagnie, Anomalie, s’exporte lors d’une tournée mondiale, triomphale, laissant dans son sillage de nouveaux candidats pour un enseignement professionnel des arts du cirque alors émergent. MM