Ludor Citrik, auquel son créateur Cédric Paga applique le terme générique de « clown », a grandi, mûri depuis sa première approche en 1992, passant d’ « âge » en « âge » avant de se cristalliser en 2000. Il devient ce colosse langé, à la gamme vocale capable de glisser de notes flûtées à des grognements d’ours, la bave au menton et l’œil câlin, horriblement agressif dans sa tension extrême vers les autres. Nouveau-né, Ludor Citrik porte des chromosomes de Narcisse auquel s’agrègent avec le temps ceux de beaucoup d’individualités… qui ne suffisent pas à composer une seule personnalité.
Miroir impitoyable, il ressemble tant à celui qui le regarde en riant et qu’il regarde avec gravité ! Entre clown et bouffon, il incarne sagesse et folie, intelligence et bêtise, droiture instinctive et amoralité… Comme dans un jeu de poupées gigognes, il décline ses multiples entre solidarité intuitive et aliénation. Clown contemporain par essence, il est un processus et non un type, même s’il s’identifie par un nom et un prénom.