« Borra multiplie cigarettes et ronds de fumée, subtilise montres et portefeuilles avec une infinie douceur dans la main et du velouté dans le regard balkanique » écrit Jacques Richard au soir de la première du cirque Sabine Rancy en mars 1969 dans Trente ans de chroniques de cirque en France (2018).
Adolescent, Borislav Milojkovic (1921-1998) observe, sur les marchés où son père vend ses pièces de tissus, les voleurs à la tire à l’œuvre parmi les chalands et leur habileté à détourner l’attention de leurs victimes pour leur subtiliser bourses et bijoux.
Il s’initie à la prestidigitation et à la manipulation de cartes et de cigarettes et, en 1938, il se lance dans un cabaret de Sarajevo, transformant son nom en Borra. Sa femme, Lise Kludsky, issue d’une famille de dresseurs d’origine tchèque, devient sa partenaire. La silhouette du gentleman pickpocket commence à se faire remarquer, sur scène et à partir de 1948 sur les pistes. Il est accueilli pour la première fois dans le cirque historique de Copenhague, au programme du cirque Schumann.
Les saisons s’enchaînent dans les cirques : Knie en 1951, Bertram Mills en tournée et à l’Olympia de Londres entre 1952 et début 1955. Le Roi des pickpockets enfile une cape de satin et un chapeau haut de forme en complément de son habit de soirée et s’adresse immanquablement au public en ces termes : « Bonsoir, je m’appelle Borra, avec deux ‟Rˮ. Pour commencer, voici une démonstration de cigarettes, à l’américaine ». Il poursuit ses séances en délestant indifféremment dignitaires ou anonymes, qui se laissent séduire aveuglément par son bagout et son attitude chaleureuse, de leurs montres, portefeuilles, cravates ou… bretelles.
Dans les années 1960-70, il se costume en prince oriental et devient « Le Voleur de Bagdad ».

 

Sources :
- Hommage de Dominique Denis, « Borra, top of the bill », dans Le Cirque dans l’Univers n°197, 1998.
- Steven B. Richley, The Posters of Bertram Mills Circus, UK, Double crown Books, 2014.