Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Les frères Davenport et William Fay dans leur cabinet spirite

Vers 1860
© Library of Congress, Prints & Photographs Division, [LC-USZ62-112378]
Les magiciens américains Ira Erastus (1839-1911) et son frère William Henry Davenport (1841-1877) se prétendent dotés de pouvoirs par des intelligences issues d’un monde surnaturel. Les illusions qu’ils présentent avec leur principal assistant, William Marion Fay (1839-1921) et/ou M. Cooper dans ce qu’on nomme leur « Armoire », un cabinet en trois volets qui se referme sur eux, troublent les spectateurs qui forment un cercle autour du cabinet clos. Alors que les magiciens sont ligotés par des cordes dont les nœuds ont été dûment vérifiés, se produit un tintamarre assourdissant et des instruments de musique – violons, guitare, trompettes – jaillissent et retombent sur le public tétanisé. Enfin, les portes, rouvertes, laissent sortir les « spirites  » délivrés de leurs liens et prêts à inverser le phénomène. Ils rentrent, libres, dans l’armoire, les cordes en tas à leurs pieds et, au terme d’un épisode cacophonique où des instruments volent dans la pénombre, ils se révèlent, à l’ouverture des panneaux, attachés par des nœuds marins solides. Dans l’un et l’autre cas, il est fréquent qu’ils se retrouvent revêtus d’une veste disparue du public et ficelée avec eux sous les cordes !
Les sceptiques nourrissent alors l’espoir de démasquer une supercherie quand un grave incident éclate à Liverpool en 1864 lorsque de véritables marins les immobilisent dans leurs propres cordes, nouées et goudronnées… Las d’attendre des illusions qui ne viennent pas, le public saccage le matériel. La presse française relate les faits et annonce une représentation à Paris le 14 septembre 1865, Salle des concerts Herz, rue de la Victoire… qui se soldera aussi par une émeute !
Mais les Davenport participent au débat, notamment au sein de la communauté des mediums et dans les pages de leur revue lyonnaise : La Vérité.
Nombreux sont les prestidigitateurs qui s’intéressent au numéro : Robert-Houdin le décrit, Houdini le critique, les sœurs Fox, Maskelyne & Devants et/ou Cooke et Félix Herrmann le revisitent.
Enfin, devenus sujets d’inspiration ou marque, les Tours de force des Davenport suscitent des œuvres musicales ! Dans sa page des spectacles, Le Ménestrel du 7 avril 1878 signale au répertoire de la Société des concerts : Le Coffre mystérieux et Le Sac Davenport, par sir Hanley et Ketty Hanley.
 
Sources :
- Thomas Low Nichols, (1815-1901) et Judith, Julie Bernat (1827-1912), Phénomènes des frères Davenport et leurs voyages en Amérique et en Angleterre, relation de manifestations physiques produites par des forces et des intelligences ne peuvent expliquer, 1865.
- L’Avenir : moniteur du spiritisme du 12 janvier 1865 : « Les Davenport et les prestidigitateurs ».
- Le Figaro du 14 septembre 1865.
- La Vérité : journal du spiritisme du 24 septembre 1865.