Réalisée par D. Le Roy, lithographe à Calais, d’après un dessin de Jules Melotte, de Saint-Quentin, l’estampe ci-dessus se présente comme un support de communication que l’artiste Jean-Baptiste Fabbrini aurait commandé lors d’un engagement dans le Nord de la France, mettant en avant son appartenance, réelle ou non – non répertoriée du moins par E.-D. Manne – à la troupe des Franconi. L’affichette montre plusieurs facettes de prouesses exécutées par les sauteurs et acrobates du Cirque Olympique des Franconi, Gontard, Amodio, Lawrence et Redisha, Boswell ou encore Auriol, dit l’Aérien, dont il adopte jusqu’au costume, la trousse à losanges et le bonnet à grelots. L’image reproduit de gauche à droite : un exercice d’équilibre horizontal sur un mât dressé observé auprès des « jongleurs » indiens, des tours d’agilité sur des carafes ou, la tête en bas, sur un empilement de chaises, et, prouesse plus rare, une danse d’échelle.
Avant la création du spectacle de cirque moderne, au XVIII^e siècle, des théâtres comme Sadler’s Wells à Londres ou celui de Nicolet à Paris, donnaient des spectacles de sauteurs et d’équilibristes. Parmi les plus célèbres, Hendrick Kerman, sauteur et funambule originaire des Pays-Bas, est réputé avoir été le premier danseur d’échelle. Il figure à plusieurs reprises, entre 1741 et 1746, au programme de Sadler’s Wells avec ses Ladder-Dances dont la plus fameuse, The Pygmalion.
Le nom de J.-B. Fabbrini reparait sous la plume de Lorenzo Frediani qui signale sa présence en mai 1867 dans la troupe du Cirque Loyal que vient de reprendre Catherine Célina Loyal (née Levergeois, 1812-1876), à la mort de son mari Claude Loyal (1795-1867).
Au XX^e siècle, un descendant, acrobate accompli, Guelfo Fabbrini (1897-1979) se marie en 1923 (et non en 1921) avec Isolina Zavatta (1902-1995), sœur de Riccardo, dit Michel, Luigi dit Tonino, Rodolfo dit Rolf, Eleonora dite Titine et… Alfonso dit Achille, le célèbre auguste. Ils forment un duo de perche à l’épaule : les Fabbrini’s… dont Isolina remplit le rôle de la porteuse et Guelfo et, souvent, Nautis, les voltigeurs !
 
Sources :
- Edmond-Denis Manne (attribué à), Le Cirque Franconi, détails… Lyon, Librairie Perrin et Martinet, 1875, p. 60-61.
- Occurrence « Kerman » dans A Biographical Dictionary of Actors, Actresses, Musicians, Dancers, Managers & Other Personnel in London, 1660-1800, vol. 8 , par Philip H. Highfill Jr., Edward A Langhans, Kalman Burnim, Illinois University Press, 1973, p. 430.
- Lorenzo Frediani, Monsieur Loyal, Histoire de la famille de cirque Loyal, Aulnay-sous-Bois, Arts des 2 Mondes, 2007, p. 72.
- Catherine Zavatta et René-Charles Plancke, Il était une fois les Zavatta, Aubenas, Amattheis, 1995, p. 30-31.