Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Zazel (Rossa Matilda Richter), femme-projectile

Royal Aquarium de Londres
Illustration d’Aubert (Londres), vers 1877
Affiche, impression photomécanique, 58 x 45 cm
BnF, département des Arts du spectacle, AFF-17888
© Bibliothèque nationale de France
Funambule comme son impresario, le Canadien William Leonard Hunt, – qui s’est rebaptisé Guillermo Antonio Farini –, la jeune artiste a quatorze ans lorsqu’elle assure pour la première fois l’attraction comme projectile humain, sous le nom de Zazel. C’est en 1877, à Londres. Le canon, dont la position est calculée avec précision, la propulse à travers le théâtre jusqu’à la barre d’un trapèze qui lui est lancé depuis une plateforme, au-dessus des spectateurs.
La vignette ci-dessus représente un théâtre anglo-saxon, le Royal Aquarium Theater de Londres, avec des bandeaux supérieur et inférieur modifiés en vue de son passage à l’Hippodrome de l’Alma, à Paris, en juillet 1878. La lettre est rédigée dans un anglais francisé (« projectile vivante ») pour la réutilisation de l’affiche en France, après impression ou ré-impression par un imprimeur parisien.
À l’été 1878, la double communication de Farini et de l’Hippodrome assure une couverture de presse conséquente. Et la déambulation de la funambule à grande hauteur dans le vaste espace de l’établissement de l’avenue de l’Alma et surtout sa performance de projectile humain sont un succès. L’auteur d’un livre sur le Cirque Fernando en 1875, Gladiateur II [Edouard Cavailhon, dit], écrit dans L’Orchestre : « Mlle Zazel se promène sur un fil de fer si mince qu’il apparaît à peine comme un fil de la Vierge, et ose s’y promener à une hauteur vertigineuse avec des paniers aux pieds. Puis elle s’élance, d’une hauteur de plus de 40 mètres, la tête la première dans son filet. Ce plongeon fait frissonner ; mais l’adresse et le sang-froid de la jeune artiste sont tels qu’ils écartent tout péril. »
Avec l’évolution des dispositifs de propulsion, du ressort à l’explosion par le truchement de poudre noire, des expériences similaires se font jour aussitôt. Sur l’affiche commandée à Chéret l’année suivante, la direction des Folies Bergère, nouveau commanditaire, annonce « La Vraie Zazel ». À l’instar du Gaulois du 14 novembre 1879, les journaux clament d’une seule voix : « La Zazel des Folies Bergère est la véritable Zazel, la Zazel authentique, la seule et unique Zazel, créatrice du truc épatant, et… tonnant qu’elle exploite, et que des Zazels de contrebande ont imité, falsifié, frelaté, dénaturé ».
 
Sources :
- Rubrique « Échos de partout » dans La Jeune Garde du 30 juin 1878.
- Rubrique « Hippodrome de Paris » dans L’Orchestre du mois de juillet 1878.
- Article « La Zazel des Folies Bergère est la véritable Zazel » dans Le Gaulois du 14 novembre 1879, p. 4.