Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

La Poursuite de Fra Diavolo

Exercices équestres de Franconi par la troupe de Bastien Gillet-Franconi
Lithographie de Auguste Poulet-Malassis-Alençon, vers 1855
Collection Jacob/William. CNAC, Châlons-en-Champagne ; La Tohu, Cité du cirque Montréal, Québec
© Centre national des arts du cirque, collection Jacob/William
Créée le 17 août 1808 au Théâtre-Cirque Olympique du Mont Thabor par Henri « Minette » Franconi et J. G. A. Cuvelier, la pantomime équestre Fra Diavolo chef des bandits dans les Alpes, raconte des faits d’armes illustrés par des exercices grandioses dont cette poursuite endiablée. Apothéose d’une carrière de voltigeur, la performance se présente comme un condensé des Jeux romains où l’écuyer debout sur deux chevaux saute les obstacles, et de La Poste (Le Courrier de Saint-Pétersbourg, rebaptisé en France Le Postillon de Lonjumeau en référence à l’œuvre d’Adam). Plusieurs chevaux entrent en jeu, conduits d’une seule main à l’aide de longues rênes par le même interprète, qui, dans un luxe de difficultés, tire au fusil en regardant en arrière. La prouesse requiert non seulement une grande maîtrise de l’équilibre sur ce que l’écuyer Bernard Quental décrit comme « un plancher vivant », mais une grande force pour tenir des chevaux qui tournent sur le cercle à des allures différentes selon qu’ils sont près du centre ou à l’extérieur.
La légende de Fra Diavolo s’appuie sur des faits authentiques enjolivés par le contexte de conflits entre l’Italie et la France, qui permettent à un certain Michele Archangelo Pezza de s’illustrer. Enfant, gravement malade, il guérit et sa mère le voue à Dieu en le surnommant Fra Michele. Mais très remuant à l’école, il est rebaptisé Fra Diavolo, et n’a de cesse de mériter son surnom, ce qui le conduit au cachot pour le meurtre de son patron sellier puis du frère de celui-ci pour prévenir toute idée de vengeance. Ses parents font commuer sa peine en engagement dans l’armée où il déploie une énergie et un courage qui le font remarquer des deux côtés de la frontière. L’armée des Bourbons essaie de le faire changer de camp lors de la première invasion mais le combat énergiquement au cours de la deuxième. Il est fait prisonnier par le colonel Sigismond Hugo dont le fils, Victor, est le premier à rédiger une biographie de Fra Diavolo. Condamné à mort par pendaison, ce dernier est exposé pendant plusieurs jours vêtu de l’uniforme de brigadier bourbon, le temps que se répande la nouvelle de la disparition du héros populaire, le 11 novembre 1806, à 35 ans. Le personnage trouve une nouvelle vie au théâtre avec un Fra Diavolo créé à l’Opéra Comique par D. F. E. Auber en 1849, au cinéma avec Laurel et Hardy en 1933 et à la télévision en 1962 sous la direction de Osvaldo.
Soignée, d’un format inusité pour une estampe de cette époque (50 x 70 cm), cette gravure réalisée chez un éditeur renommé d’Alençon, fait partie d’une série de représentations de scènes équestres au tirage limité, visiblement destinées à être vendues comme un produit dérivé avant la lettre.
 
Voir aussi :
- Bernard Quental, entretien avec Anne Quentin, CNAC 2017.
- Le Courrier de Saint-Pétersbourg par Andrew Ducrow au Royal Amphitheatre de Londres, mai 1827.
- Pièces créées au cirque des Franconi, dans Le Cirque Franconi… par E. De Manne (auteur présumé).
- Fra Diavolo par Daniel-François-Esprit Auber, opéra comique en 3 actes 1849, partition complète pour piano.
- Le Postillon de Lonjumeau, opéra comique en 3 actes d’Adolphe de Leuven et Léon Brunswick sur une musique d’Adolphe Adam.