Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Le Montreur d’ours

Estampe d’après un dessin à la pierre noire par Hubert Robert (1733-1808)
BnF, département de la Musique, VM PHOT MIRI-13 (77)
© Bibliothèque nationale de France
Les prêtres errants du culte de Cybèle se produisent sur les places publiques en compagnie de loups ou d’ours enchaînés et dressés, mais également de singes et de serpents. Cette pratique de l’animal exhibé a traversé les âges et les frontières, essaimant de la Mésopotamie et de la Grèce antique pour s’épanouir dans l’ensemble de l’Occident médiéval. Ce dessin à la pierre noire du peintre Hubert Robert illustre bien ces instants d’excitation partagée où quelques spectateurs, un groupe de femmes et d’enfants sur un balcon en l’occurrence, s’émerveille de la souplesse d’un acrobate ou de l’intelligence présumée d’un animal savant. Ici la représentation est terminée et c’est l’heure de la rétribution, lancée dans un chapeau tendu tandis que le reste de la troupe de bateleurs se tient légèrement en retrait de la scène principale. Les tenues, notamment le manteau long, suggèrent la houppelande épaisse chère aux Bohémiens, habitués à s’en envelopper pour se protéger des nuits froides.
Ce dessin se présente comme une esquisse préparatoire à une huile sur toile (40,5 x 31,8 cm) réalisée par Hubert Robert (1733-1808). Sur la toile présentée en novembre 2015 à la Galerie Talabardon et Gautier à Paris, le motif central du garçonnet et de l’ours enchaîné rappelle trait pour trait le motif central de La Danse de l’ours dessinée par Jean-Honoré Fragonard (1732-1806). Gravée, La Danse de l’ours de Fragonard devait illustrer en 1770 un recueil de contes et nouvelles en vers de Jean de Lafontaine, en pendant à une Danse de Peccata (un âne). Ces deux œuvres d’après Fragonard ont été gravées vers 1786 par Nicolas Charles Varin et deux tirages sont conservés au Musée des beaux Arts et d’Archéologie de Châlons-en-Champagne. Varin se serait inspiré d’une gravure à l’eau forte de La Danse de l’Ours (intitulée également Le Montreur d’ours) réalisée d’après Fragonard par Richard de Saint-Non, le mentor et protecteur des deux jeunes peintres français, Jean-Honoré Fragonard et Hubert Robert réunis par un séjour commun en Italie de 1756 à 1765 ! Ceux-ci auraient pu esquisser alors, côte à côte, le motif du montreur d’ours, semblable à un détail près : le petit groupe d’Hubert Robert est entouré de deux chiens visiblement énervés par la présence de l’ours, alors que, sous le crayon de Fragonard, l’animal enchaîné tente de se protéger plutôt d’un petit singe qui tire sur sa chaîne.
 
Voir aussi :
- Le Montreur d’ours de Richard de Saint-Non (1727 - 25 nov. 1791), d’après Jean-Honoré Fragonard.
- La Danse de l’Ours de Varin d’après Jean-Honoré Fragonard.